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Casse sociale

Sanofi supprime 330 emplois dans la R&D contre le cancer : la santé, pas leurs profits !

C'est le quatrième plan de destruction d'emplois de Sanofi dans la R&D en dix ans. 330 postes vont être supprimés en oncologie car l'entreprise souhaite se recentrer sur des produits plus lucratifs. Une nouvelle illustration d’une gestion marchande de la santé qui sacrifie tant les salariés que les patients pour alimenter les rentes mirobolantes des actionnaires.

Dorian Maffei

30 avril

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Sanofi supprime 330 emplois dans la R&D contre le cancer : la santé, pas leurs profits !

Crédit Photo : Sanofi de/Wikimedia commons

C’est son quatrième plan de destruction d’emplois dans la R&D en dix ans. 330 postes vont être supprimés en oncologie car l’entreprise souhaite se recentrer sur des produits plus lucratifs. Une nouvelle illustration d’une gestion marchande de la santé qui sacrifie tant les salariés que les patients pour alimenter les rentes mirobolantes des actionnaires.

Tout pour enrichir les actionnaires : à Sanofi, un 4ème plan de destruction d’emplois en dix ans

La direction de Sanofi s’apprête à faire son quatrième plan de suppression d’emplois dans la recherche et le développement (R&D) en dix ans, après ceux de 2014, 2019 et 2021. En 2024, ce seraient d’après les syndicats 1200 emplois qui seraient supprimés dans le monde, dont 330 dans la recherche en France. Un chiffre qui vient s’y ajouter aux 210 suppressions de postes prévues par l’accord « Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels ».

Dans le détail, 288 postes devraient être supprimés à Vitry-sur-Seine et 16 à Gentilly, dans le Val-de-Marne, et 26 autres à Montpellier. Une intersyndicale CGT-CFDT-CFTC appelle les chercheurs à se rassembler le mardi 30 avril à 11h30 devant le siège social de Sanofi avenue de la Grande Armée à Paris pour dénoncer ces suppressions d’emplois et s’opposer à tout départ forcé.

À Sanofi, les destructions de postes se succèdent depuis plus de dix ans, et s’accélèrent même ces dernières années, malgré des profits conséquents. Le résultat net (après impôts) du groupe avait explosé avec la pandémie du covid, passant de près d’un peu moins de 3 milliards en 2019 à plus de 12,3 milliards d’euros en 2020. Depuis, il reste bien supérieur à son niveau d’avant la pandémie, variant de 5,4 milliards l’année dernière à 8,4 milliards d’euros celle d’avant.

En 2023, Sanofi a été le quatrième groupe du CAC 40 à verser le plus de dividendes à ses actionnaires, juste derrière Total, LVMH et la BNP Paribas. Sanofi leur a ainsi distribué 4,7 milliards d’euros, soit presque 90% du résultat net du groupe. Le fabriquant de traitements pharmaceutiques tourne littéralement pour enrichir toujours plus ses actionnaires.

Sanofi abandonne les traitements qui rapportent moins pour ceux qui rapportent gros

C’est pour leurs profits que Sanofi décide, années après années, de recentrer son domaine d’activité autour des produits qui assurent les meilleures ventes, et même du produit puisque les ventes mondiales de Dupixent à lui seul ont rapporté 10,7 milliards d’euros en 2023 quand le deuxième best-seller n’en ayant rapporté « que » 1,4 milliards. Le Dupixent étant un anticorps, Sanofi ne jure plus que par l’immunologie.

À l’AFP, un porte-parole de Sanofi déclare que ces suppressions d’emplois font suite à la décision d’arrêter des projets de recherche en oncologie. En décembre 2023, le groupe avait en effet mis fin au développement d’un traitement du cancer bronchopulmonaire. À travers son porte-parole, Sanofi déclare n’avoir « pas réussi à rattraper son retard sur les concurrents » et « re-flécher les investissements là où sont les chances de succès ». De quel succès peut-il s’agir ? De soins bénéfiques, abordables ? De conditions de travail dignes des salariés ? Très clairement pas.

En décembre 2022, nous faisions témoigner Sandrine dans nos colonnes, montpelliéraine et salariée de Sanofi en grève pour la hausse des salaires, mais aussi contre la gestion marchande de l’entreprise pharmaceutique. Elle nous expliquait : « Sanofi revendique aussi de ne travailler que sur les médicaments les plus lucratifs. L’entreprise a arrêté de travailler sur tout ce qui est anti-infectieux, antibiotiques, antiviraux, anti-rétroviraux pour le VIH, anti-parasitaire pour le paludisme... [...] Quand l’OMS exhorte les chercheurs du monde entier à développer de nouveaux antibiotiques pour lutter contre les souches de bactéries résistantes, les Big Pharmas ne travaillent pas dessus car cet antibiotique ne serait utilisé qu’en dernier recours, ce ne serait pas rentable ! On voit que le modèle capitaliste n’est pas adapté pour l’industrie pharmaceutique. »

Lire aussi : Sandrine, gréviste à Sanofi : « Il faut sortir le médicament des logiques de marché »

Une gestion marchande de la santé pour une entreprise très subventionnée et proche du pouvoir

L’image de Sanofi a été écornée par le scandale de la Dépakine, un traitement anti-épiléptique dangereux qui a eu une incidence sur la santé des patients, des travailleurs et de riverains des usines qui sont depuis des années dangereusement exposés aux gaz cancérogènes qu’elle rejette. D’après Le Monde, en novembre dernier, l’usine a rejeté dans l’atmosphère un gaz dangereux, le bromopropane, dans des concentrations 75 fois supérieures à la limite légale.

Le journal Off-Investigation révèle quant à lui comment le pouvoir permet l’impunité totale de Sanofi en continuant de soutenir le groupe et de produire des politiques favorables aux patrons de l’industrie pharmaceutique. Sanofi continue ainsi de recevoir des sources importantes d’argent public. En 2021, à l’occasion du dernier plan de destruction d’emplois dans la recherche, le média Basta révélait que cela n’avait pas empêché l’entreprise de toucher plus d’un milliards d’euros en dix ans au titre du « crédit d’impôt recherche ».

Dans son article, Off-Investigation dévoile même qu’Emmanuel Macron et Serge Weinberg sont des intimes. L’ancien président du conseil d’administration de Sanofi a notamment permis à l’actuel président de devenir banquier d’affaire et ils continuent de se voir régulièrement. Serge Weinberg a laissé sa place en mai 2023 à Frédéric Oudéa, le mari de l’actuelle ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra.

D’ailleurs Sanofi se vante d’être aussi « partenaire premium des jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ». Une communication qui, d’après Actu Paris, irrite particulièrement les salariés touchés par ces suppressions. L’une d’elles déclare : «  Les communications internes sur les Jeux à venir sont désastreuses alors que dans le même temps, des centaines de salariés sont en train de perdre leur emploi ». Aux journalistes d’Actu Paris, elle livre également ce témoignage : « J’ai vu partir ceux qui m’avaient formé. Dans le même temps, on a hérité de leurs missions en plus de celles qui nous incombaient déjà pour finir complètement surchargés. Je n’ai pas peur de le dire, aujourd’hui je suis dépressive et c’est à cause de ce groupe ».

Les salariés de l’entreprise et les patients dépendant des traitements médicamenteux de Sanofi sont sacrifiés pour que les actionnaires se gavent ! Tandis que l’entreprise continue d’être subventionnée, elle casse la recherche médicale, avec comme dernier exemple en date le cancer, supprime des emplois, nuit impunément à la santé de tous et fait de bénéfices sur les patients et en particulier les patients chroniques… le tout en faisant pleuvoir les dividendes. Comme nous le disait Sandrine il y a un an : « Il faut sortir le médicament des logiques de marché, au lieu de donner des crédits d’impôts aux Big Pharmas il faut les obliger à rechercher et à produire ce dont on a besoin ».


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