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La Izquierda Diario
13 de janvier de 2020 Twitter Faceboock

Retrait du projet sur les retraites
Education nationale. Pour faire plier le gouvernement, l’heure est à la reconductible, pas aux négociations !
Marina Garrisi

L’Education nationale, engagée massivement dans la bataille des retraites, est reçue ce lundi 13 janvier par le gouvernement qui promet une revalorisation des salaires pour combler la baisse des pensions dans le cas où les enseignants passeraient dans un système de retraites par points. Alors que les transports entament leur 40 e jour de grève, et qu’en face Edouard Philippe se dit déterminé à aller jusqu’au bout de sa réforme, il n’y a rien à négocier avec ce gouvernement ! Cette semaine est décisive pour le mouvement et les enseignants ont leur rôle à jouer pour arracher la victoire.

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Photo : O Phil des Contrastes

Des négociations sur la revalorisation des salaire qui s’ouvrent ce lundi

Depuis le 5 décembre l’Education nationale enregistre des taux de grève historiques, tant du côté de l’enseignement primaire que du secondaire. Dès le mois de décembre, et pour éviter une radicalisation du conflit le gouvernement a multiplié les annonces et les déclarations en direction des profs. Le passage à un système de retraites par points aurait de toute évidence des conséquences désastreuses pour l’ensemble de la profession, certains profs pourraient perdre jusqu’à 900€ de pension, alors que ceux-ci dénoncent déjà des conditions de travail difficiles et une précarisation croissante de leurs conditions de vie. Pour tenter d’apaiser la colère Jean-Michel Blanquer a d’emblée annoncer qu’une revalorisation des salaires viendrait compenser la perte de valeur des pensions. Mais les profs ne sont pas dupes et ceux-ci dénoncent un coup de bluff. En effet, derrière le chiffre de 10 milliards annoncés, ces augmentations de salaire ne dépasseraient pas les 30 euros par mois par manque de moyens, comme l’a lui-même affirmé Emmanuel Macron à Rodez début octobre.

C’est dans ce contexte que les organisations syndicales de l’Education nationale sont reçues ce lundi 13 janvier au ministère de l’Education pour une énième salve de négociations qui devraient se tenir pendant trois jour. Celles-ci doivent notamment déboucher sur une loi de programmation des revalorisations censées venir rassurer les enseignants et offrir des garanties sur les engagements du gouvernement puisque jusqu’à présent les annonces sont restées très floues. Les profs mobilisés dénoncent par ailleurs que les primes envisagées par le ministère soient conditionnées à des contreparties, comme une augmentation du temps de travail, par exemple.

Dans son dernier communiqué, la FSU, syndicat majoritaire dans l’Education nationale, déclare : « Par ailleurs, la FSU sera reçue à l’Éducation Nationale demain, lundi 13 janvier, à 17h30 sur la question des salaires. Elle ne dispose pas d’éléments à cette heure sur le niveau, les modalités et les éventuelles contreparties en termes de charge de travail des « compensations à la réforme » pour les enseignant-es annoncées par JM Blanquer. La FSU refuse cette logique de compensation puisqu’elle ne veut pas de cette réforme et que la question de la revalorisation est, pour elle, déconnectée de la réforme des retraites. En revanche, elle attend du Ministre que des propositions concrètes et chiffrées soient enfin mises sur la table afin de procéder à une revalorisation salariale légitime »

Dans les lycées, le rejet des E3C

Au rejet de la réforme des retraites s’ajoute celui des E3C, la première session des épreuves communes du Bac, telles que prévues par la réforme du baccalauréat. Celles-ci doivent commencer à partir du 20 janvier et jusqu’à fin février pour les élèves de première. Dans un communiqué publié le 10 janvier, 12 organisations syndicales de l’enseignement secondaire exigent que le gouvernement renonce à la tenue de cette première session.

Le temps de correction et la rémunération sont notamment jugés insuffisants, et les profs dénoncent par ailleurs un flou total sur les modalités et les critères des épreuves. « Rien n’est prêt ! », clament ils. « Les profs nous disent qu’on n’est vraiment pas prêts pour ces épreuves, ils veulent absolument enlever ces notes de contrôle continu, car ils savent qu’elles vont faire chuter notre moyenne/ Notre prof d’anglais nous a déjà dit qu’elle ne corrigerait pas les copies.  » confie Inès, élève de première dans l’académie de Versailles.

D’ores et déjà, les enseignants s’organisent et prévoient de perturber ces épreuves : refus de choisir des sujets dans la banque d’épreuves, grève de la surveillance ou refus de correction… un état d’esprit qui rappelle la grève du bac de juin dernier. Selon une enquête du SNPDEN réalisée auprès des trois-quarts des lycées de l’académie d’Aix-Marseille, « 56 % d’entre eux affirment que les salles des profs bruissent de mots d’ordre divers et variés », indique Philippe Vincent, du SNPDEN, syndicat national des directions d’établissements. « Les perturbations peuvent donc être relativement conséquentes, au moins en termes d’effets d’annonce. »

Une semaine décisive : quelle stratégie pour faire plier le gouvernement ?

Malgré l’enfumage du gouvernement sur le retrait temporaire de l’âge pivot d’ici 2027, à la base, les enseignants se sont exprimés pour le retrait pur et simple du projet et ce depuis le 5 janvier. Ce lundi 13 janvier des actions étaient organisées par des enseignants, comme à Tours, où une soixantaine d’enseignants ont temporairement envahi les locaux de la Direction des services départementaux de l’éducation nationale (DSDEN), ou encore à Rouen où un rassemblement s’est tenu devant le rectorat.

Dans son communiqué, la FSU appelle les enseignants à une nouvelle journée nationale de grève ce mardi 14 janvier, ainsi qu’à rejoindre la journée nationale interprofessionnelle ce jeudi 16. Elle écrit : « La FSU soutient toutes les actions en cours pour faire échec au projet de réforme des retraites ; elle appelle à faire lundi des réunions et assemblées générales et à faire du mardi 14 janvier une journée nationale de grève interprofessionnelle et de manifestations dans tout le pays.

Elle appelle à poursuivre ce mouvement sur les deux jours suivants : mercredi 15 et jeudi 16 janvier, des actions diverses sont d’ores et déjà programmées, et en particulier un rassemblement à l’appel de l’intersyndicale de la Fonction publique devant Bercy mercredi à midi et, jeudi 16 janvier, une nouvelle journée nationale de grèves et de manifestations, dans le cadre de l’intersyndicale interprofessionnelle.  ».

Alors que la grève dans les transports entame son 40 e jour de grève le gouvernement se dit toujours déterminé à aller jusqu’au bout de sa réforme des retraites, tout en faisant mine d’adopter une posture plus conciliante en direction des syndicats réformistes, cet appel à faire grève pour deux journées cette semaine est un point d’appui pour construire un rapport de force plus conséquent. Mais cela n’est pas encore suffisant, ce d’autant plus qu’il s’agit d’une semaine décisive, tant la grève dans les transports se fait longue, avec des paies à 0 euros qui tombent et que ces secteurs sont isolés.

Si jusqu’à présent les enseignants en reconductible depuis le 5 décembre ne constituent qu’une minorité, les appels à la grève des syndicats et notamment de la FSU ont été massivement suivis. Cela démontre qu’il existe bien une colère profonde à la base, et que des bataillons d’enseignants sont prêts à se mobiliser, mais également que les organisations syndicales ont leur responsabilité dans le conflit. Face à un gouvernement qui parie sur la carte du pourrissement du conflit, en cherchant à isoler au maximum les secteurs les plus déterminés, c’est maintenant ou jamais que les enseignants doivent mettre toutes leurs forces dans la bataille. Et tandis que le gouvernement cherche à désamorcer les conflits en donnant des miettes ici et là pour isoler toujours plus la grève à la SNCF et à la RATP, les organisations syndicales de l’Education nationale devraient quitter une fois pour toute les tables de négociation et démasquer la manœuvre. L’heure n’est pas aux négociations, mais au contraire, à un appel clair à mettre toutes les forces dans la bataille ! Soutenir les actions et les appels à la reconductible comme le fait la FSU depuis le 5 décembre ne suffit plus. Il faut un appel clair des organisations syndicales de l’Education nationale pour une reconductible de 72h à partir du mardi 14 décembre pourrait être un signal fort envoyé au gouvernement contre son projet de réforme, et pour obtenir le report des épreuves du bac. Les enseignants n’ont rien à perdre et tout à gagner à radicaliser leur mouvement et ils peuvent jouer un rôle dans cette semaine décisive pour arracher la victoire.

 
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