×

Inflation

14 % de la population en situation de privation matérielle : « sauter des repas, c’est devenu normal »

Dans une étude récente, l’INSEE a dévoilé que la « proportion de personnes en situation de privation matérielle et sociale » a atteint 14% début 2022. Soit la plus haute valeur de cet indicateur depuis sa création en 2013.

Alexis Taïeb

21 juillet 2023

Facebook Twitter
14 % de la population en situation de privation matérielle : « sauter des repas, c'est devenu normal »

Crédit photo : Nicolas Barts. Libre de droit.

Alors que l’inflation reste élevée en France, l’INSEE a publié une étude sur le taux de « privation matérielle et sociale » au sein de la population, révélant que ce dernier a atteint 14%, soit le taux plus élevé depuis la création de cet indice en 2013. Celui-ci se base sur le niveau de renoncement des ménages à certains produits ou services « considérés comme souhaitables, voire nécessaires, pour avoir un niveau de vie acceptable ».

Treize éléments sont utilisés dans l’enquête, parmi lesquels se chauffer correctement, avoir une bonne alimentation, partir en vacances ou encore avoir la capacité de s’acheter des vêtements neufs. A partir du moment où un ménage se prive d’au moins cinq de ces treize éléments, il est considéré en situation de privation. Au regard de ces différents indicateurs, le niveau de vie de la population a encore baissé conclue l’INSEE.

Et en première ligne de ces privations, on retrouve la capacité à chauffer dignement son ménage, avec 10% de la population en incapacité de le faire, soit deux fois plus qu’en 2014. Une conséquence directement liée à l’explosion des prix de l’énergie ces derniers mois et aux bénéfices monstres que les entreprises énergiques ont effectué sur le dos des populations. Une situation qui risque de grandement s’aggraver l’hiver prochain, étant donné que le gouvernement a annoncé la fin du bouclier tarifaire.

Parmi les personnes les plus exposées, on retrouve les habitants des zones rurales, étant donné que leurs dépenses en énergie sont plus importantes ainsi que leur consommation de carburant pour se déplacer. Les familles monoparentales ou nombreuses sont également fortement impactées par la hausse du coût de la vie et obligées de se priver de nombreux produits ou services pour vivre.

C’est ce dont témoigne Zoé, une étudiante de 25 ans en journalisme, issue d’une famille nombreuse et de zone rurale : « je mange la même chose tous les jours. Je travaille déjà 35 heures par semaine. Heureusement, ma famille peut m’aider un petit peu, sinon je devrais prendre un deuxième travail ». Lisa, jeune travailleuse de 18 ans, abonde dans le même sens « ça m’arrive très souvent de sauter des repas, faute d’argent. Mais pour moi c’est devenu normal ».

En tout état de cause, l’inflation, qui reste profondément ancrée dans l’économie mondiale et française, continue de ronger les salaires et le niveau de vie de l’ensemble de la population. Et les dernières annonces gouvernementales ont le mérite d’être claires : il va falloir continuer à se serrer la ceinture. Face à cette situation, il est plus qu’urgent de retrouver rapidement le chemin de la lutte afin d’imposer un rapport de force conséquent, à hauteur de la crise que nous vivons, pour arracher des augmentations générales des salaires et leur indexation sur l’inflation. Seul moyen d’éviter aux classes populaires de payer la crise.


Facebook Twitter
Projet de loi logement : le gouvernement prépare une offensive contre les plus précaires

Projet de loi logement : le gouvernement prépare une offensive contre les plus précaires

La précarité tue : une étude de l'Inserm pointe la surmortalité liée au chômage

La précarité tue : une étude de l’Inserm pointe la surmortalité liée au chômage

« Pour un revenu étudiant financé par un impôt sur les grandes fortunes » - Ariane Anemoyannis sur Le Media

« Pour un revenu étudiant financé par un impôt sur les grandes fortunes » - Ariane Anemoyannis sur Le Media

1 étudiant sur 10 s'est déjà retrouvé sans logement pendant ses études, révèle l'enquête du Poing Levé !

1 étudiant sur 10 s’est déjà retrouvé sans logement pendant ses études, révèle l’enquête du Poing Levé !

Les étudiant-es vivent en moyenne avec 718 € par mois, révèle l'enquête du Poing Levé

Les étudiant-es vivent en moyenne avec 718 € par mois, révèle l’enquête du Poing Levé

JO. Les expulsions des logements Crous débutent : tous devant le ministère des Sports samedi !

JO. Les expulsions des logements Crous débutent : tous devant le ministère des Sports samedi !


Précarité. L'alimentation, source de détresse des étudiants qui « dorment sans rien manger »

Précarité. L’alimentation, source de détresse des étudiants qui « dorment sans rien manger »

« J'ai dû dormir deux fois dans la rue l'année dernière » : la jeunesse, frappée de plein fouet par la crise du logement

« J’ai dû dormir deux fois dans la rue l’année dernière » : la jeunesse, frappée de plein fouet par la crise du logement