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Extrême droite

Le FN confirme son enracinement dans le Vaucluse. Jean-Marie son entêtement

Aglaé Martin Au FN, les bonnes nouvelles n’arrivent jamais seules. Dans le Vaucluse, c’est Joris Hébrard qui a été réélu au Pontet, commune de 17.000 habitants dans le Sud de la France, après que son élection de mars 2014 avait été invalidée par la justice à cause de signatures litigieuses sur les listes d’émargement. Au niveau du QG, Jean-Marie Le Pen annonce qu’il va porter plainte contre son exclusion. Une déconvenue pour sa fille ? Pas si sûr pour un parti en pleine opération « dédiabolisation ». En tout cas, le FN nouvelle version continue à s’essayer à gagner en respectabilité.

4 juin 2015

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Ce dimanche 31/05, 59,43% des électeurs du Pontet réélisaient J. Hébrard à la tête de la mairie au premier tour, soit 25 points de plus qu’au premier tour de mars 2014. où Il avait alors obtenu la mairie de justesse au deuxième tour à 7 voix près. L’abstention était tout de même légèrement en hausse pour cette deuxième élection, passant de 35 à 40%. C’est une grande claque pour les deux listes qui lui faisaient face. La candidature de Jean-Firmin Bardisa (sans étiquette), directeur des services d’une ville du département, obtient 28% des suffrages. Grande perdante, la coalition PS-Républicains termine avec 12,57% des voix.

Une victoire haut la main pour le partisan FN

Cette ville du Sud de la France comptant 17 000 habitants, avec une population très majoritairement française (seulement 8% d’étrangers), plutôt âgée (33% de 40-65 ans contre 13% de 15-24 ans) et des revenus élevés (50% gagnent plus 25 000€ annuels) est caractéristique des supporters FN dans cet arc Sud de l’Hexagone où il a toujours fait, depuis les années 1980, de bons résultats. En seulement 7 mois, J. Hébrard avait déjà cumulé les mesures réactionnaires : suppression de la gratuité systématique de la cantine scolaire, quasi doublement du nombre de policiers municipaux, mise en place d’une heure de fermeture pour les épiceries de nuit. Ce vote confirme ainsi l’enracinement d’un FN au discours bien connu débordant de « problèmes d’immigration » et de sécurité.

Et si celui-ci progresse, les nouvellement « Républicains » sont à la ramasse. Sarkozy peut faire muer autant qu’il veut les écailles de son parti, le résultat pontétien est éloquent. Alors que l’UMP rivalisait de très près le FN aux premières élections de mars 2014 avec 49,94% des voix, la liste commune PS-Républicains est une belle humiliation. Ce que n’a pas manqué de remarquer Marion Maréchal Le Pen qui déclarait le soir même des résultats que l’on était en train « d’assister à un remplacement de l’UMP par le FN ». Plus que ça, ce que montre cette défaite de la liste unitaire est que face à un FN renforcé, les listes républicaines-citoyennes n’ont d’autre effet que celui de cautionner l’idée d’un « tous pareils sauf le FN ».

De même, la procédure légaliste engagée contre le FN pour faire annuler son élection n’a pas permis ne serait-ce que de l’entacher un peu. Au contraire, se complaisant dans l’image d’un « parti-martyr » et se donnant des allures sociales en créant une mutuelle pour les habitants de sa commune, J. Hébrard a pu faire un retour en force.

Nouvelle scène de ménage dans la tragicomédie familiale

Un mois après l’annonce de son exclusion du parti par sa fille, J-M Le Pen déclarait hier qu’il allait assigner le FN en Justice. Un peu de grain à moudre pour les adeptes de ce qui ressemble aujourd’hui à une mauvaise série télé. Mais loin d’être une épine dans le pied de la dirigeante du parti frontiste, cette querelle médiatique avec le négationniste-pétainiste continue à lisser l’image de celle qui se veut en passe de devenir la future tête des institutions Républicaines . Sincère dans sa fronde ou non, le vieux leader participe en tout cas très bien à la stratégie de sa fille et au ravalement de façade qui subit en ce moment le parti d’extrême-droite.

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Cette semaine encore, le FN n’a pas à rougir de ses dernière nouvelles. Le Parti enfile peu à peu sa nouvelle robe de bal pour son entrée progressive dans les institutions, écrémant les éléments perturbateurs ou trop entachés et confirmant ses bataillons. Nul besoin en effet de mettre en avant ses attraits les plus réactionnaires et anti-ouvriers lorsque du côté des travailleurs et de leurs organisations, aucune alternative franchement sérieuse ne se dessine à l’horizon. Mais malgré son lifting et son aspect "anti-système", le FN reste encore et toujours ce parti bourgeois, financé par la corruption et les détournements de fond, et mettant en application, là où il dirige, un programme anti-populaire.

03/06/15


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