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En marge du match Toulouse / Montpellier

Témoignages. La police se défoule, 4 supporters blessés

Fréderic Apoyo Samedi soir, peu après la fin du match de Ligue 1 Toulouse / Montpellier, les supporters montpelliérains regagnent leurs véhicules après une rencontre sans incidents. Les forces de l'ordre, CRS et SIR en tête, se lancent alors dans une ratonnade envers les Ultras visiteurs. Le bilan est lourd, 4 blessés.

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« Quand je suis arrivé dans le parcage (la tribune réservée aux supporters visiteurs NDLR) ça se voyait qu’ils étaient sur les nerfs, ils ont fouillé ma bagnole de fond en comble » nous confie J., supporter montpelliérain présent au match ce samedi soir. Loin de l’affrontement qui éclate, J. poursuit, expliquant « qu’au lieu d’ouvrir le portail du parcage et laisser partir tout le monde, ils ont préféré que la situation s’envenime. [...] J’ai pas vu grand chose, juste un mec la tronche en sang à qui j’ai filé des mouchoirs... ». Un climat d’émeute couplé à une présence policière disproportionné pour la grosse centaine d’aficionados de Montpellier ayant fait le déplacement. Sur le site MediaTerrannee, qui a donné la parole aux supporters, un toulousain ayant assisté à la scène témoigne : « Il y avait au bas mot une quinzaine de camions de CRS alignés dans la rue, plus deux voitures de la BAC et trois ou quatre voitures de police, face à des Montpelliérains pas hostiles ». Un sentiment partagé par J. : « Franchement samedi devait y’avoir un flic ou stadier par pailladin, j’exagère a peine ! ».

Une interpellation arbitraire et un déchaînement de violence

Timothé, supporter montpelliérain, a été interpellé pour avoir allumé un fumigène à la sortie du match. Pourtant, le jeune homme explique n’avoir rien à se reprocher. « Je leur ai donné toutes les informations qu’ils m’ont demandées. Ils disaient qu’ils avaient un enregistrement vidéo, mais je ne l’ai pas vu, forcément ce n’était pas moi qui a allumé ce fumigène. Le fond de ma pensée aujourd’hui, c’est qu’ils ont simplement profité du fait que je sorte seul pour interpeller quelqu’un au hasard. » Une analyse que partage S., que nous avons contacté et qui, bien que non présent au stade ce samedi soir, explique que « ce n’est pas une nouveauté, les interpellations arbitraires. Après avoir lu l’interview de Timothé, j’avais l’impression que c’est moi qui parlait ! Il m’est arrivé exactement la même chose." Croyant que la bévue policière serait sans conséquence « grâce aux caméras de surveillance », S. se retrouve pourtant « interdit de stade pour un an. Le préfet a décrété que j’étais un danger pour la société, je n’ai même pas eu le droit à un procès. Au final, les caméras n’ont pas été utilisées pour prouver quoi que ce soit, le témoignage d’un stadier a suffit. » En effet, dans le cadre des violences dans les enceintes sportives, le Préfet peut prononcer à l’encontre des supporters des interdictions de stade au nom du risque de trouble à l’ordre public. « Le cas de Timothé est loin d’être isolé. C’est une stratégie consciente de viser des supporters isolés pour éviter d’être confrontés à trop d’embûches durant les interpellations. On prend un mec au hasard, et le quota est rempli !"

C’est à la suite de cette interpellation, lorsque Timothé a été relâché, que la police a fait usage de la force. Florent, lui aussi présent au stade, raconte que « seulement quelques minutes après [...], Timothé est effectivement revenu parmi nous. Mais à peine arrivé, de nombreux CRS se sont mis en ligne, boucliers en avant, et ont commencé à nous charger. » La police matraque et fait monter la pression. « J’ai notamment vu Casti (supporter montpelliérain éborgné par un tir de flashball en 2012, NDLR) aller vers la SIR, sans agressivité, et j’ai été clairement choqué par les phrases que j’ai entendu de leur part, entre autres, je cite : "sale bigleux", "je t’aurais arraché lesdeux yeux". »

Plus que jamais,la guerre envers les tribunes populaires s’intensifie et la répression qui s’en suit se fait chaque week-end un peu plus violente. Le fait qu’au terme d’une rencontre calme quatre supporters aient été blessés témoigne d’une réelle volonté politique de nettoyer les tribunes de ses éléments les moins conciliant avec le monde du foot-business. L’organisation de l’Euro 2016 en France, l’été prochain, n’est pas étranger à ce phénomène de criminalisation des tribunes, afin de faire place nette à un public de consommateurs, poursuivre l’embourgeoisement des stades, et fermer les portes aux plus modestes à grands coups d’augmentations du prix des billets. Coups de matraques, provocations et interpellations arbitraires sont aujourd’hui le pain quotidien des ultras, passionnés de football avant tout, et derniers défenseurs d’un football populaire, plus que jamais menacé.


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