Airbus goes to Mobile

Le groupe Airbus est très fier de l’ouverture de son usine d’assemblage final pour la famille A320, avion mono-couloir. Le matraquage d’affiche (« Airbus goes to Mobile »), ainsi que la diffusion du résumé de la conférence d’inauguration de l’usine qui tourne toute la journée sur les différents écrans plats dans les couloirs de l’entreprise, en constituent la preuve. Effectivement, cette première usine aux États-Unis permet à Airbus de s’implanter chez son plus gros concurrent, Boeing, avec quelques avantages. Entre autres, cela lui permet de fournir directement ses avions à tout le territoire Nord-américain avec des frais de transport un peu moindre qu’en Europe ou en Chine, mais aussi d’être moins soumis à la conversion de devise Euro/Dollars, étant donné que les avions sont vendus mondialement en dollars. De plus, les avantages fiscaux que permettent les États-Unis ne sont pas négligeables : Airbus a touché près de 158 millions de dollars de subvention publique, pour la création de 250 emplois, ce qui permet d’amortir d’un tiers le coût de construction de l’usine, qui s’élève à 600 millions de dollars. {}Mais, un problème demeure : les pièces ne sont pas construite sur place et, pour permettre l’assemblage final, elles vont être importées d’un peu partout dans le monde jusqu’à Mobile, ce qui reviendra finalement plus cher qu’en Europe. C’est alors que Fabrice Bregier, président exécutif du secteur avion d’Airbus, nous éclaire un peu plus sur leur volonté : « Le marché américain a clairement un avantage concurrentiel... L’Europe doit vraiment faire quelque chose pour sa compétitivité... En France, par exemple, les charges sociales sont beaucoup trop élevées ». Et l’Alabama – l’un des premier producteur automobile aux États-Unis – est un endroit idéal pour les patrons.{{}}

Une usine sans syndicat

L’un des plus gros avantages de cette installation en Alabama n’est pas anodin. En plus des subventions publiques allouées par le pays, cet État fait partie de ceux qui rémunèrent le moins les salariés, avec un taux horaire, pour le salaire minimal, de 7,25 dollars (la moyenne nationale est d’environ 11 dollars). Une aubaine pour faire baisser les coûts de production, comparativement à ce qui se fait en France. Aussi, l’Alabama s’illustre par un très faible taux de syndicalisation allant jusqu’à l’absence totale de syndicat. Bregier s’en félicite : « À Mobile, nous n’avons pas de syndicats. Nous avons de bonnes relations avec les syndicats, mais nous pensons qu’à Mobile, c’est mieux sans eux. C’est une autre culture. Je ne pense pas que nos travailleurs aient besoin d’un syndicat pour avoir de bonnes relations avec Airbus. ».

Sans organisation syndicale permettant de nous représenter en toute indépendance de classe, patronat et travailleurs se confrontent directement. Le patronat impose ainsi sans médiation la dégradation des conditions de travail, les hausses constantes de productivités associées le plus souvent à des baisses de salaires… Une situation qui, en l’absence de lutte des classes, sied parfaitement au patronat…

Cependant le syndicat américain International Association of Machinists and Aerospace Workers ne le voit du même œil et a déjà annoncé son intention de créer une section syndicale dans l’usine d’Airbus à Mobile. Les « Machinists » ont cependant un lourd précédent, notamment dans l’usine Boeing située dans la région de Puget Sound dans l’État de Washington, au nord-ouest des États-Unis. Ils y ont été responsables d’une trahison historique dans l’une de ses principales installations de production, en travaillant activement pour une extension de huit ans d’un contrat [collectif] comprenant des concessions historiques pour les travailleurs.

Que ce soit face au patronat, ou face aux bureaucraties syndicales chargées d’être la courroie de transmission des politiques anti-ouvrières, c’est aux travailleurs et aux équipes militantes combatives d’exiger en toute indépendance de classe de faire rompre l’IAMAW avec ses pratique bureaucratiques et de négociation.