Soixante-six personnes se trouvaient à bord de l’avion : 10 membres de l’équipage et 56 passagers dont des Français et des Egyptiens, bien sûr, mais aussi des personnes belges, britanniques, saoudiennes, soudanaises, tchadiennes, portugaises, algériennes, koweïtiennes et canadiennes. Alors que l’arrivée était prévue au Caire à 3h15 du matin de jeudi (heure française), l’appareil a disparu des radars environ une demi-heure avant, juste après avoir émis un signal de détresse. Dans l’après-midi qui a suivi, des décombres ont été retrouvés au sud-est de la Crète, suite aux recherches effectuées par la France et l’Égypte, appuyées notamment par les États-Unis. Le président du Comité grec de sécurité aérienne a cependant affirmé qu’ils ne provenaient pas du vol EgyptAir.

Les conditions du crash de l’avion sont donc encore très floues et les hypothèses sont multiples. Prudents, les membres de l’exécutif français ont pesé chacun de leurs mots au cours de leurs déclarations. Outre les condoléances aux familles des victimes, dans la matinée Valls déclarait « qu’aucune hypothèse ne [pouvait] être écartée à l’heure actuelle », Hollande a renchéri dans la journée en annonçant : « Aucune hypothèse n’est écartée, aucune n’est privilégiée, que ce soit un accident ou un acte terroriste ».

Mais la tentation de tirer des conclusions hâtives, bien que l’enquête soit loin d’être terminée, a été trop forte pour plusieurs personnalités politiques. « La situation peut, et je dis bien ’peut’ car je ne veux pas spéculer […], laisser penser que la probabilité, la possibilité, d’une action à bord, d’une attaque terroriste, est plus élevée que celle d’une défaillance technique  » a ainsi déclaré Chérif Fathy, ministre de l’Aviation civile égyptien, faisant fi de toutes réserves qu’on peut et doit émettre dans ce genre de situation, alors que rien ne tend plus vers cette piste qu’une autre à l’heure actuelle.

Mais la palme d’or de la spéculation, dans un style bien différent, revient au candidat le plus réactionnaire des présidentielles états-uniennes, Donald Trump. Ce dernier a en effet écrit dans un tweet « On dirait que c’est encore un attentat terroriste. L’avion avait décollé de Paris. Quand allons-nous devenir durs, intelligents et vigilants ? Grande haine et maladie ! ».

Toutes ces conclusions hâtives participent bien évidemment à instiller de manière insidieuse un climat de peur. Mais la surexposition médiatique, en dépit de toute preuve réelle, révèle également une volonté de détourner l’attention médiatique, non seulement de l’éventualité d’une potentielle défaillance technique ou humaine, mais surtout de la tension qui s’exprime par le climat social. Après la surmédiatisation de la voiture de police incendiée, voilà la menace terroriste de retour... la peur, comme nouvelle arme politique ? Pourtant, c’est davantage du côté du gouvernement qu’elle devrait ces jours ci s’exprimer si la contestation continue de monter.