Des prestations presque plus sociales

Baisses des allocations, des prestations sociales et des aides au logement, voilà le programme. Les allocations seront ainsi plafonnées à Londres, ville la plus chère du monde, à 23 000 livres par an contre 26 000 jusqu’à aujourd’hui, soit 2 000 livres de perte pour une famille aux revenus moyens selon les travaillistes. Le plafonnement descendant même à 20 000 livres par an en-dehors de la capitale. Les plus jeunes ou « plus aisés » se voient limiter leur allocation au logement et les prestations familiales s’arrêteront à partir du troisième enfant.

Tout ceci ne fait que s’ajouter à des coupes déjà drastiques lors du premier mandat de Cameron, dans un contexte où les loyers sont extrêmement élevés, et où le système de logement social est encore moins développé qu’en France. Pour Cameron et les siens, la justification est toute trouvée : il « suffit de voir la crise en cours en Grèce pour réaliser que si un pays ne contrôle pas sa dette, c’est sa dette qui prend le contrôle du pays ».

Un petit coup de pommade tout de même

Pour transformer un coup de massue sur les travailleurs en « décisions difficiles mais nécessaires » pour le bien-être du pays, Cameron a un discours bien rôdé. En effet, font partie du package deux mesures qui, au premier abord, peuvent laisser croire à une préoccupation sincère pour les « classes moyennes » de la part du Premier ministre.

En effet Cameron prévoit également une baisse d’impôt avec un relèvement progressif du seuil d’imposition. Mais la mesure phare, c’est surtout celle concernant le salaire minimum qui passera de 6,50 à 7,20 livres de l’heure en janvier prochain, et jusqu’à 9 livres d’ici 2020.

Comme a dénoncé Paul Kenny, le patron de la principale confédération syndicale GMB, « d’un côté [Cameron] offre un nouveau salaire minimum, ce qui est bienvenu... Mais, de l’autre, il prend de l’argent aux familles qui travaillent sans aucune garantie qu’elles y gagneront à la fin ».

Cela est d’autant plus vrai qu’en contrepartie, le gouvernement n’oublie pas de faciliter la vie aux entreprises. Osborne a ainsi annoncé une baisse d’impôts sur les sociétés de 20 à 18% d’ici à 2020. En parallèle, il veut assouplir la législation sur les ouvertures des magasins le dimanche. Autorisés à seulement 6 heures de commerce aujourd’hui, ce seront désormais les villes qui décideront, le tout dans un souci de « compétitivité » bien sûr !

La plus forte croissance d’Europe ?

A en croire la préoccupation des conservateurs pour la « sécurisation de la Grande-Bretagne » et leurs mesures drastiques, on pourrait s’inquiéter de l’état d’une Grande-Bretagne certainement en train de couler… Pourtant non.

La Grande-Bretagne est dans une situation bien plus favorable que les autres pays européens, avec une croissance bien supérieure, prévue encore à 2,5% cette année et 2,3% en 2016. L’économiste Ian Stewart affirme en ce sens que « l’économie britannique jouit d’un mélange enviable de croissance convenable, inflation basse et chômage en chute [mais] les difficultés demeurent et les deux tâches cruciales pour les conservateurs durant cette législature sont d’éliminer le déficit budgétaire et de ranimer la productivité ».

Pour ce faire, rien de mieux que de continuer à matraquer les travailleurs, les jeunes et les classes populaires. Que la croissance soit timide ou vigoureuse, la reprise des profits, c’est toujours pour les patrons. Et l’enjeu, pour le patronat britannique, c’est profiter de son avantage tactique pour avancer dans les contre-réformes. Jusqu’à quand ? Les travailleurs du métro londonien viennent de montrer, ces jours-ci, qu’ils ne l’entendaient pas de cette oreille.