C’était sans compter sur la politique tarifaire de la SNCF. En fin de matinée, je me rends compte que nos billets retour, non remboursables, ont été annulés en ligne : fausse manip ou bug informatique, la seule solution est d’en racheter. Et vu le solde négatif de notre caisse de grève en ce début de mobilisation, c’est une très mauvaise nouvelle... Pendant ce temps-là, la SNCF pourra remettre en vente les places libérées, sans que nous soyons remboursés bien sûr. 200€ disparus en fumée !

Après avoir passé quelques coups de fil pour prendre conseil, on décide de se pointer sur le quai du prochain train pour négocier avec le contrôleur. Paraît que ça se faisait comme ça en 2006... Pas bien assurés, on cherche à droite et à gauche jusqu’à apercevoir une casquette.

– Bonjour, on est étudiants, on a participé à la coordination nationale qui s’est tenue hier, pour le retrait de la loi travail. On était dans la rue le 9 mars, contre la loi travail et le décret-socle, clairement il faut qu’on unisse nos forces contre ces lois qui cassent nos conditions de vie et de travail. Là on a besoin de rentrer, est-ce qu’on pourrait prendre ce train ?
– Euh... ok, je peux éventuellement vous proposer de vous faire un prix ?
– C’est-à-dire qu’on est en début de mouvement, c’est pas évident de trouver de l’argent pour financer le matériel, les tracts, les allers-retours... on va avoir besoin de voyager régulièrement...
– Bon, montez dans le train, on verra : je vais pas vous laisser sur le quai quand même. Voiture 3, là-bas !

Première bataille gagnée. On monte voiture 3 et on s’installe dans le couloir, en se disant qu’il faut qu’on affûte nos arguments pour la prochaine discussion.

Finalement ce ne sera pas nécessaire : la contrôleuse, de tout cœur avec nous, se contentera de nous demander nos cartes d’étudiant. En ce jour de grève dans l’aérien, elle expliquera devant nous à son collègue qu’il est hors de question de faire payer un tarif majoré aux voyageurs qui n’ont pas pu prendre leur billet à l’avance. Avant d’ajouter que des comme eux, on en trouvera bientôt plus, « le moule est cassé ».

Merci à vous, camarades contrôleur/euse.s, de nous avoir laissé rentrer de coordination sans encombre. J’appelle vos collègues, qui liront ce message, à vous imiter et à participer ainsi activement et concrètement à la mobilisation contre la loi travail, traduisant en actes la convergence entre les différents secteurs mobilisés.

Quant à moi, je me battrai pour que notre génération sache prendre votre relève !