Loi travail, décret socle, Plan Hirsh, assurance chômage : même patron, même combat !

La dernière Coordination Nationale Etudiante (CNE) avait réaffirmé un élément, puissant depuis le début du mouvement : « Partout, nous sommes conscient-e-s que seul un mouvement d’ensemble des lycéen-ne-s, des étudiant-e-s, des chômeur-e-s, des travailleur-se-s nous permettra d’atteindre nos objectifs. », rappelait l’appel qui en a émané, auquel s’ajoutait la revendication suivante : « Le retrait des projets de réformes qui touchent les secteurs avec lesquels nous luttons : décret socle pour les cheminot-e-s, plan Hirsch pour les hospitaliers, et lettre de cadrage du MEDEF pour les intermittent-e-s », socle sur lequel pouvait s’appuyer une convergence concrète. Trois secteurs durement touchés par de graves attaques ces dernières années, non seulement contre leur condition de travail à proprement parlé, mais plus généralement par une remise en cause profonde de ce en quoi ces professions s’intégraient à une logique – au moins sur le papier – de service public : des transports sécurisés et peu chers, une santé gratuite et non soumise aux intérêts privés, et la culture pour tous. Trois secteurs à la fois stratégiques, notamment en ce qui concerne les cheminots, mais aussi hautement symboliques.

En région parisienne, ces deux derniers jours ont été marqués par des actions coordination et/ou en direction de ces différents secteurs. Mercredi, une action a été organisée dans trois des grands fast-foods présents dans le quartier de la Gare du Nord à Paris : McDonald’s, Quick et Subway, contre la précarité vécue dans ce secteur. Cette action, à l’appel des intermittents et sur la base du succès de leur AG lundi dernier a été rejoint par les comités de mobilisations d’étudiants et de lycéens franciliens, restés actifs pendant les vacances, mais aussi par les participants de « Nuit debout » de la place de la République. Malgré les nasses de CRS et les trop nombreuses heures passées dehors, cette action fut une réussite en terme de lien concret avec ce secteur où la mobilisation et la grève sont rendus difficile par le poids de la précarité : à Mcdo, les salariés, en grève la veille, sortent pour remercier les manifestants ; à Subway, les uns les autres se rencontrent et discutent de leurs conditions de travail et de vie. Cette action symbolisait par ailleurs donc une convergence, déjà entamée la veille chez Renault Guyancourt, des différents secteurs à la tête de la mobilisation, que celle-ci soit dans les facs et lycées, sur les places ou encore dans les entreprises. Comme le rappelle le slogan des intermittents : « Chômeurs, précaires, intermittents, intérimaires, avec ou sans papiers : Solidarité ! »

Le lendemain, dès 5h du matin, ce sont les étudiants de l’université de Paris 8 et travailleurs organisés dans l’AG interpro de Saint Denis qui se retrouvaient devant le dépôt de bus de la RATP. pour une nouvelle action. Après quelques heures de blocage, et parfois de bonnes discussions, on se quitte sur un seul mot d’ordre : on se retrouve le 28 ! Dans la suite de la journée, étudiants, lycéens et Nuit debout se retrouvent en plein Paris, à la Gare d’Austerlitz. Une montagne de tracts sous le bras, ce cortège a fait un tour dans la gare pour s’adresser aux usagers et cheminots de la gare – non sans être escortés par un cordon de CRS. En sortant de la gare, le cortège s’est dirigé vers la Pitié-Salpétrière, grand hôpital de Paris à quelques centaines de mètres.

Le risque de l’éparpillement

L’ensemble de ces actions témoignent de la volonté de « convergence », à petite échelle, vers la construction de liens plus concrets et solides entre les différents secteurs. Mais c’est bien plus que ces actions menées en commun, bien plus que ces heures nassés ensemble qu’il faudra pour consolider un vrai mouvement d’ensemble. La multiplication des actions, un peu partout chaque jour, peut d’ailleurs tendre vers une dispersion, un éparpillement des forces contre lequel il va nous falloir lutter contre le gouvernement « droit dans ses bottes » jusqu’à présent.

Sans doute faudra-t-il aller vers une politique plus coordonnée, voire d’une rencontre commune entre ces différents secteurs, étudiants, lycéens, travailleurs, et militants des Nuits Debout pour faire tenir le mouvement dans la durée, tenir les vacances et ensemble construire la grève générale.