Un préjudice d’image ? 

« Nous considérons que l’utilisation de notre marque et image dans un clip dénonçant le traitement des réfugiés est une source de discrédit pour notre club et fausse notre politique de communication publique ». Ça a le mérite d’être clair : le PSG n’est pas le défenseur des milliers de migrants laissés noyer ou mourir de froid, de faim ou de maladies sur le territoire européen. On ne se trompera donc pas quant à l’interprétation à donner au million d’euros (soit 1/525ème de sa fortune) généreusement offert par sa fondation au Secours Populaire et à l’UNHCR, qu’il revendique sur le même papier. Pour le PSG, tout n’est que « stratégie de communication ».

Pour ce qui est de l’image, on doute que M.I.A soit réellement la principale responsable des éventuelles failles de popularité du groupe. Aujourd’hui aux mains du Qatar, qui s’acharne à en faire une vitrine promotionnelle en vue du mondial qatarien de 2022, 4e club le plus riche, le PSG est surtout mal à l’aise dans le jeu de concurrence mal-engagé avec les grands Européens comme le Real Madrid, le Bayern Munich, Manchester United ou encore le FC Barcelone. Dans les affaires de scandales, de corruption, détournement de fonds, de fraudes au fisc et à l’Urssaff, et bien d’autres dont nous n’aurons jamais connaissance, impliquant le PSG mais également l’ensemble du monde du foot, « Fly Pirates » semble bien le moindre.
Et pour couronner le tout, il semble que le club ait subi de plein fouet ce que les internautes appellent « l’effet Streisand », soit l’augmentation des regards portés sur ce qui fait l’objet d’une plainte juridique sur le Net. Sur le compte Twitter de M.I.A, les messages de soutien s’accumulent tandis que le hashtag « #MIAvsPSG » devient viral, ainsi que la photo de l’artiste portant fièrement son maillot original. Et l’affaire est dans tous les journaux… « Le PSG vient de faire du maillot Fly Pirates de M.I.A le plus recherché de la planète » déclare ainsi un tweet. Le PSG s’est lui-même embourbé, sans l’aide de personne. M.I.A 1 – PSG 0.

Quand dénonciation rime avec répression

Au-delà de l’ironie du sort qui a touché le club de foot, il est tout de même incroyable de noter une fois de plus combien la liberté d’expression s’arrête aux portes de la dénonciation. L’artiste britannique d’origine sri lankaise n’en est en effet pas à sa première prise de position avec Borders. Car si le clip détonnait dans l’ambiance xénophobe-anti-migrants où l’hypocrisie est reine, M.I.A s’était par exemple précédemment attaquée aux stéréotypes accablant les femmes racisées dans son titre « Bad girls ». C’est sa carrière tout entière qui est engagée. Et alors qu’à République, c’est le défilé des stars toutes plus opportunistes les unes que les autres, à commencer par Johnny Halliday, M.I.A aura été la seule chanteuse à oser ouvertement prendre position en faveur des migrants.

Mais à plusieurs reprises ses créations artistico-politiques semblent n’avoir pas plu. En 2009, elle est accusée de soutenir le terrorisme du fait de son soutien à la minorité opprimée tamoule au Sri Lanka. En 2010, son clip « Born Free », mettant en scène les violences policières par une brutale « chasse aux roux », se verra supprimé pour lisser certaines scènes jugées trop violentes. En 2014, la National Football League lui réclamera 16,6 millions de dollars suite à un doigt d’honneur de la chanteuse durant son intervention à la mi-temps de la Super-Bowl 2012. En 2015, le PSG entre dans son panel.

Décidément, à l’époque de la liberté d’expression version Charlie, et des récents attentats qui ont indignés, et surtout été récupérés par l’ensemble des gouvernements pour prôner « l’union », M.I.A fait une fois de plus la démonstration que ces beaux principes ne sont valables que lorsque l’on va dans le sens de nos dirigeants.