Tout en regrettant les « conditions d’intimité non adaptées » dans lesquelles l’octogénaire a été accueilli, la direction de l’hôpital brestois estime que « la qualité de la prise en charge des équipes médicales et soignantes ne peut être mise en cause ». L’organisation du travail, les moyens mis à disposition, ne seraient donc pas responsable de sa mort. « L’équipe dans le service était au complet. L’effectif médical était également complet avec 3 médecins seniors et 3 internes présents ». Elle précise que le service ce jour-là était « normal » avec 112 passages en 24 heures « contre 126 passages en moyenne sur le mois de janvier ».

Passés ces chiffres, il s’agit désormais d’expliquer qu’avec un temps d’attente estimé à 4h30 aux urgences de l’hôpital de Brest, la direction estime être dans la moyenne nationale. Ainsi, passer plus de 4h dans un brancard dans l’attente d’être examiné apparaît désormais être la « normalité ». Voilà qui en dit long sur le manque de moyens et le manque d’effectifs des hôpitaux publics, résultat d’une austérité qui se distille lentement mais sûrement. Après avoir sécurisé ses arrières, il s’agit de justifier la mort et de la relativiser. Il s’agissait « d’un patient souffrant de pathologies multiples et dont la fin de vie était proche ».

Mais l’hôpital a d’ores et déjà annoncé qu’une enquête allait être ouverte pour produire une « analyse plus détaillée de la prise en charge et des causes du décès ». L’objectif sera sûrement de trouver un bouc émissaire parmi le personnel soignant afin d’éviter d’éclabousser sa réputation, sans que sa direction soit mise en cause. Mais non, ce n’est pas le personnel qui est en cause, mais bien la direction de l’hôpital et les conditions d’accueil et de soins, sur fond de politique austéritaire.

C’est la baisse de moyens de l’hôpital publique qui implique la baisse des effectifs, la baisse des places disponibles, ou encore l’augmentation de la productivité au nom de la rentabilité. C’est tout cela qui explique la mort de l’octogénaire à Brest. Pourtant, c’est cette même politique austéritaire que le gouvernement s’apprête à généraliser à et à accentuer, comme à l’APHP. Même à l’hôpital, l’austérité tue.