D’entrée de jeu nous voilà projetés en 2027, dans une France futuriste où les « personnes dites différentes » sont soumises à un couvre-feu et doivent porter des « badges de reconnaissance » sur leurs vêtements, les rassemblements et les manifestations sont interdits et les « mélanges entre les populations différentes et les Français de souche » sont illégaux. Univers où fleurissent des affiches glorifiant le « travailleur français » appelant à « produire français avec des français » ou à « stopper l’immigration massive », parlant d’ « invasion » ...

Il est intéressant de voir que le clip a été tourné en novembre, soit bien avant les attentats qui ravagèrent Paris, et bien avant l’instauration de l’état d’urgence par le gouvernement. Ainsi son message ressemble de moins en moins à une mise en garde abstraite sur l’avenir, en expliquant les risques du repli nationaliste, de la banalisation d’actes ou de discours racistes et xénophobes, de la normalisation du racisme institutionnel ou de la montée de l’extrême droite. Non, l’une des raisons pour lesquelles il a été beaucoup vu, partagé, discuté depuis ces derniers jours, c’est parce qu’il fait écho à la situation actuelle, avec notamment l’interdiction des manifestations et rassemblements, qui est effective pendant l’état d’urgence.

Mais là où le destin ne joue pas qu’un tour au clip d’Ibrahim Maalouf, c’est que lui-même a vécu le passage de la fiction à la réalité de sa mise en garde : en effet, alors qu’il devait partir pour jouer en concert le soir même pour Londres, il a été retenu et interrogé injustement par la police à Gare du Nord, apprenant pour l’occasion que son passeport bénéficiait d’un "signalement Interpol positif". Quelques heures plus tard, enfin relâché et tentant sa chance en train, de plus en plus pressé, il se fait arrêter par des douaniers qui ont déjà lu sa mésaventure du jour dans la presse et veulent lui faire payer, le traitant de terroriste devant tous les voyageurs. Il arrivera finalement à prendre le dernier train pour arriver juste à temps pour son concert.

Quoi qu’il en soit, ce clip est une mise en garde, il nous décrit au mieux le mur vers lequel nous courrons collectivement, montrant au mieux où nous mènera ce climat nauséabond liberticide et raciste, fruit des politiques d’un gouvernement PS Lepénisé.