Le 23 juin dernier, une notice a été publiée dans le Federal Register (équivalent américain du Journal Officiel) comme quoi les voyageurs sans visa arrivant aux Etats-Unis devraient renseigner leur « présence en ligne ». Pour un court séjour, les voyageurs peuvent entrer aux Etats-Unis sans visa mais doivent à la place compléter une demande d’autorisation de voyage, qui pose déjà largement problème sur la question de la vie privée, en demandant ressources financières, état moral, sanitaire des personnes. C’est dans cette demande que serait ajoutée la question suivante, pour le moment facultative : « Please enter information associated with your online presence—Provider/Platform—Social media identifier  », c’est-à-dire « Veuillez fournir les informations liées à votre présence en ligne, fournisseur/plate-forme, identifiant sur les réseaux sociaux. »
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les frontières américaines n’ont fait que se renforcer, ce qui aurait dû, selon les Etats-Unis, éloigner la menace terroriste.Mais deux attentats meurtriers sont survenus dans les six derniers mois, San Bernardo et, plus récemment, Orlando. Face à un terrorisme grandissant s’oppose une politique sécuritaire grandissante. La notice parue dans le Federal Register le montre elle-même : « donner une plus grande clarté et une plus grande visibilité à de possibles activités et connexions néfastes, en fournissant un outil de plus que les analystes et enquêteurs pourraient utiliser pour mieux analyser et enquêter  ».

Cette demande de renseignements n’est pour l’instant que facultative. De plus, il est très facile de donner un faux compte, de dire que l’on ne possède pas de compte sur des réseaux sociaux, de protéger son compte en le rendant « privé ». Cette proposition du gouvernement américain semble déjà comporter des failles, tout en ne sous estimant pas ses services de renseignements, comme a pu le révéler Edward Snowden en 2013.
Comme le souligne le site anglophone Fusion, le fait que cette demande soit proposée comme facultative va, au long terme, mener à identifier les potentiels « personnes néfastes » en ce qu’elles n’ont rien indiqué dans le champ facultatif. Si on veut protéger son intimité, il faudra désormais se mettre en danger, car cela apparaîtra alors comme « suspect » de ne rien noter. Même « optionnelle », cette demande de renseignement ne le sera de facto plus vraiment et aura donc des conséquences, comme le souhaite le gouvernement.
Les Américains peuvent déposer jusqu’au 22 août un commentaire et envoyer des suggestions sur ce projet avant qu’il ne passe en examen final.