Octobre 2014, l’employé d’un salon de coiffure se voit notifier son licenciement à la fin de sa période d’essai de deux mois. A première vue, une histoire banale de précarité que nous connaissons tous au quotidien. Sauf que deux jours auparavant, l’employé en question avait reçu par erreur un texto de sa supérieure qui disait à son propos : « Je ne le garde pas. Je ne le sens pas ce mec. C’est un PD, ils font tous des coups de p… ». Isolé face à son ex-patron, l’employé décide de porter plainte pour discrimination, suite à son licenciement.

Mais, après presque un an d’attente, le juge prud’homal rend un verdict scandaleux, qui pourrait bien faire jurisprudence. Celui-ci estime que le caractère discriminatoire du licenciement ne peut être établi, et va même jusqu’à dire « qu’il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles, notamment dans les salons de coiffure féminins, sans que cela pose problème ». Pour lui, le licenciement de l’employé serait justifié par le mauvais travail que celui-ci aurait fourni. Ainsi, le juge prud’homal, non content de s’asseoir sur les preuves évidentes fournies par l’employé, se permet en quelque sorte, de « légaliser » par la jurisprudence prud’homale, des préjugés homophobes déjà pourtant largement répandus par l’idéologie dominante. Car, c’est bien connu, tous les coiffeurs sont homosexuels. Finalement, le plaignant ne recevra que la somme de 5000€, pour préjudice moral en vertu des insultes proférées à son encontre.

Alors que la mobilisation contre la loi travail bat son plein, cette affaire vient illustrer une fois de plus le lien qui existe entre discriminations et précarité. Face à une justice de classe qui soutient les patrons voyous, il est particulièrement difficile pour les personnes discriminées de faire valoir leurs droits. D’autant plus que ce sont bien souvent elles, les personnes trans, homosexuelles, racisées, qui connaissent le plus la précarité au quotidien. A l’instar de cette affaire, qui vient mettre la lumière sur une homophobie ordinaire que subissent bon nombre de travailleurs de la part de leurs employeurs.