Iratxe Sorzabal et David Pla Martin ont été arrêtés en 2015 à Baigorri (Pays Basque) par la police française, puisqu’ils étaient les « deux terroristes les plus recherchés du moment » par Madrid. Suspectés par l’État Espagnol d’être les dirigeants de l’ETA, ils faisaient partie du comité de l’ETA qui s’occupait de la résolution du conflit ; c’est pourquoi ils ont activement participé à la décision de désarmement puis de dissolution dudit groupe. De plus, ils ont recherché la voie du dialogue, avec la réunion, malgré tout stérile, entre l’ETA et l’État Espagnol à Oslo (Norvège) en 2013. Néanmoins le procureur a demandé à juger les accusés « non pas comme des militants pour la paix, mais comme des terroristes », en réponse de quoi leur avocate Xantiana Cachenaut a accusé le procureur de « malhonnêteté », d’un point de vue intellectuel mais aussi historique, « car il a uniquement tourné le regard vers le passé, au lieu de le projeter dans le présent et le futur ».

C’est en 2011 que l’ETA a annoncé le cessez-le-feu, qu’en 2017 il a annoncé son désarmement et qu’il s’est dissout en 2018. Selon David Pla Martin, « l’ETA avait encore une capacité de frappe considérable ». C’est en revanche leur « volonté de montrer [leur] disposition à engager un dialogue politique » [https://www.la-croix.com/Monde/Europe/ETA-David-Pla-Martin-realisme-dun-adieu-armes-2018-01-23-1200908186] qui a motivé leur désarmement, puis leur dissolution. En effet, aucun dialogue n’était possible avec un État Espagnol qui considérait l’ETA comme un groupe purement violent à détruire, et donc qui évitait tout dialogue politique et ne considérait même pas une sérieuse prise de décision. L’accusation de torture d’Iratxe Sorzabal contre la garde civile espagnole en est l’exemple. En se rapportant aux faits d’il y a 16 ans et avec une récente expertise qui lui permet d’en parler, Iratxe Sorzabal affirme qu’elle fut victime de coups, d’agressions sexuelles, poches sur la tête, électrodes ; bref, de torture. Ce sont ces déclarations même faites durant les séances de torture qui justifient les trois mandats d’arrêt européens.

Et la répression judiciaire n’en finit pas. Si ce procès est le dernier des prisonniers indépendantistes basques, d’autres instructions ou mesures sont encore en cours. Pour exemple, le contrôle judiciaire sous lequel se trouvent Mikel Irastorza et Mikel Barrios, libérés il y a deux et un an respectivement. Aussi l’affaire du bar Kalaka de Donibane Garazi (Pays Basque) est encore ouvert, si bien que l’opération date de 2007. Etant donné qu’en France il n’y a pas de limite pour faire un jugement, d’autres affaires, qui datent de 2006, ou encore de 2016, sont en attente. Toutefois les procès politiques ne sont pas près de se finir : les jeunes d’Altsasu, le procès d’Alfredo ou ceux de Julen Ibarrola et de Galder et Aitor, qui sont à venir, démontrent que l’État Espagnol n’est pas près de baisser les bras pour en finir avec l’indépendantisme basque. C’est aussi ce qui est percevable avec les indépendantistes catalans dont le « procès » vient de débuter le 12 février, où les indépendantistes catalans sont accusés de « rébellion » et/ou de « détournement de fonds ».