Depuis juin, la Banque Centrale Européenne fait un pas de plus dans sa politique monétaire expansionniste. L’injection de liquidités ne bénéficie pas uniquement aux institutions financières mais également aux grandes entreprises.

Depuis cette date, les grandes entreprises peuvent émettre des dettes privées afin de les faire racheter par les banques centrales de l’Eurozone – dépendante de la BCE – des différents pays de l’UE. Ces titres de créances ont été spécialement créés pour assurer le rachat secret des dettes privées des multinationales.

Cela pour remplir deux objectifs. Avant tout, celui d’encourager la circulation de liquidités dans les économies de l’Eurozone, afin de stimuler la croissance. Mais aussi, celui d’éloigner dans le temps le problème que pose l’accumulation de dettes privées. Dans le cas espagnol la dette privée est trois fois plus importante que la dette publique. Ce niveau effréné d’endettement, lui, ne répond pas aux exigences imposées aux travailleurs, à qui l’on sert une austérité justifiée par le critère « nous ne pouvons pas vivre au-dessus de nos moyens », ce que font bel et bien les entreprises, tout en baissant les salaires dans ces temps de crise.

Ces nouveaux rachats de dette étaient déjà connus. Cette « nouvelle modalité » - qui ne se fait pas à marché ouvert – ne devait s’appliquer qu’à quelques banques et fonds d’investissement.

Mais le 10 juin Iberdola a obtenu 200 millions d’euros, et Repsol, le 1er juillet, 500 millions. Au total ce sont 700 millions d’euros qui ont été injectés rapidement par la banque d’Espagne, en contrepartie d’un taux d’intérêt suprêmement bas.

Depuis juin jusqu’au 12 août dernier, selon le journal économique Wolf Street, ce ne sont pas moins de 1 600 millions d’euros qui ont été utilisés pour racheter des titres de dettes des multinationales européennes. Parmi elles, d’autres entreprises espagnoles, comme Téléfonica et Gas Natural, ont pu en profiter. Mais la décision de racheter des titres de dettes de Repsol et d’Iberdrola est elle en dehors du programme annoncé, et a été répertoriée comme « opération privée ».

Ces opérations obéissent à l’unique objectif de sauvegarder les intérêts des grands capitalistes, un sauvetage permanent, facilité par les gouvernements de l’UE. Alors que tout ceci se passe en coulisse et dans le secret, la majorité des salariés, les jeunes et les secteurs populaires subit l’imposition de nouvelles coupes de la Troïka et du gouvernement du Parti Populaire.

Bien entendu, les grands médias omettent de retransmettre cette information, alors qu’ils passent sans relâche les campagnes médiatiques destinées à faire accepter aux travailleurs davantage de baisses de salaires et la dégradation de nos conditions de vie. Voilà qui légitime les luttes contre les coupes sociales et salariales, et le non-paiement de la dette illégitime. Un plan d’urgence sociale est aujourd’hui plus nécessaire que jamais.