Si Theresa May, qui est arrivée à la tête du pays sans passer par l’épreuve des urnes, se permet de déclencher ces élections alors qu’elle avait à maintes reprises démenti cette volonté, c’est que le pari semble peu risqué. Selon un récent sondage du Guardian, les « tories » (conservateurs) seraient crédités de 44 % d’intentions de vote contre 26 % pour le Labour Party de Jeremy Corbyn qui se dit prêt à relever le défi.

L’enjeu de ces élections est de pouvoir renforcer le nombre de sièges des conservateurs (qui pourraient en obtenir une cinquantaine de plus) afin de s’assurer une majorité plus forte et de diminuer les oppositions et divisions pouvant nuire à son projet de sortie dure de l’Europe.

Alors qu’elle avait jusque-là assuré ne pas envisager une telle procédure, elle justifie ainsi son revirement : «  En ce moment capital pour le pays, l’unité devrait prévaloir à Westminster, mais à la place, il y a division.  »

Ainsi c’est bien la sortie de l’Europe selon sa vision que l’actuelle occupante du 10 Downing Street met au centre de ces élections et elle profite de la situation actuelle qui lui est favorable pour renforcer son pouvoir en interne mais également tenter de pousser le rapport de force face à l’Europe en sa faveur.

De la même manière ce renforcement de la majorité parlementaire en faveur de la ministre pourrait entraver les volontés sur le sujet de l’autodétermination des peuples, à l’image du référendum pour l’indépendance de l’Écosse de nouveau réclamé par son premier ministre dans la foulée de l’annonce de la dirigeante du Royaume-Uni.

Le Labour Party de Jeremy Corbyn ne parvenant quant à lui pas vraiment à adopter une position commune sur le sujet de la sortie de l’Europe espère faire mentir les sondages et profiter de cette occasion pour redorer son blason en insistant sur le bilan politique négatif de Theresa May et son gouvernement.

Cette annonce surprise ne laisse hélas rien présager de bon pour le camp des travailleurs.

La sortie de l’Europe, le retour aux frontières nationales et autres solutions de protectionnisme teintées de nationalisme ne mènent qu’à plus de tensions entre les pays et à opposer les ouvriers par delà les frontières. En France comme au Royaume-Uni il faut se battre afin de renverser les bourgeoisies nationales dans l’ensemble des pays et construire une Europe des travailleurs : sociale, solidaire, anti-impérialiste et internationaliste.

Photo : LEON NEAL / AFP