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Riposte trans

25 000 personnes contre l’offensive transphobe : organisons-nous par en bas pour poursuivre le mouvement !

La journée de mobilisation du 5 mai contre les offensives transphobes et pour les droits trans a été une réussite inédite dans l’histoire du mouvement trans français, avec 25 000 manifestant·e·s dans 50 villes en France et en Belgique.

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25 000 personnes contre l'offensive transphobe : organisons-nous par en bas pour poursuivre le mouvement !

Crédit photo : O phil des contrastes

A l’appel d’une tribune coordonnée par Du Pain et des Roses, Lexie Agresti, Morgan Noam et le collectif les Inverti.es, qui compte désormais plus de 1900 organisations et personnalités signataires, des marches et rassemblements contre la transphobie ont eu lieu dans toute la France ce week-end. Une mobilisation réussie, pour revendiquer notamment « une transition dépsychiatrisée, libre et gratuite pour les personnes majeures et mineures », « l’accès à la PMA pour toutes les personnes trans » et « des moyens massifs pour les services publics afin d’assurer l’accès réel à l’IVG, aux transitions et à la contraception ».

Une mobilisation réussie dans 50 villes pour les droits trans

A Paris, autour de 8 000 personnes se sont réunies place de la République. Au micro, de nombreuses militant·e·s trans ont exprimé leur colère contre les attaques anti-trans et ont appelé à poursuivre la mobilisation au-delà du 5 mai, afin d’impulser un véritable mouvement trans et LGBT contre l’extrême-droite. Au-delà de Paris, l’étendue géographique de la mobilisation a été inédite, touchant plus de 50 villes. De Brest à Strasbourg, de Bayonne à Saint-Omer, quasiment tous les collectifs trans de France se sont mobilisés ce week-end. Dans certaines villes comme Pau, de nouveaux collectifs trans se sont créés juste pour pouvoir organiser la date du 5 mai. Des mobilisations se sont également tenues hors de la France métropolitaine, à Ajaccio en Corse, à Saint-Denis à l’île de la Réunion mais aussi en Belgique à Bruxelles et à Liège. En Suisse, le collectif Grève Féministe Genève a apporté son soutien à la mobilisation en France et a expliqué le manque de mobilisation en Suisse par la préparation de la grève féministe le 14 juin.

Bien qu’organisées en très peu de temps, les mobilisations ont réussi à rassembler plus largement que d’habitude sur les questions trans. A Toulouse, Bordeaux, Strasbourg et Marseille les rassemblements et marches ont réuni plus de 1000 personnes. A Quimper, plus de 400 personnes se sont rassemblées et ce malgré les rassemblements dans les villes voisines de Lorient et de Brest, qui ont réuni respectivement 400 et 250 personnes.

Dans des villes comme Aubenas, Lens, Dieppe, Pau, Saint-Quentin ou encore Ajaccio en Corse où les organisations LGBT et trans sont moins implantées, les rassemblements ont malgré tout réuni plusieurs dizaines de personnes. Les participant·e·s ont été motivé·e·s par la perspective de s’inscrire dans la mobilisation nationale et de faire la rencontre des uns et des autres, afin de s’organiser ensemble dans le futur.

Une volonté de construire une riposte face à l’offensive transphobe

La dynamique d’appels locaux témoigne de la volonté, largement partagée par les personnes LGBT, de riposter face à l’offensive que constitue la proposition de loi des Républicains visant à interdire les transitions de genre aux mineurs et à favoriser au contraire leur psychiatrisation. Cette proposition de loi est en effet une première offensive idéologique, visant à importer en France les escalades législatives transphobes qui dégradent les conditions de vie des personnes trans et des personnes LGBT et à renforcer un climat idéologique oppressif.

Dans les rassemblements, les militant·e·s LGBT sont revenus sur le contenu de cette loi, sur l’état des droits des personnes trans en France, et sur la nécessité d’y opposer une riposte. A Paris, Morgan Noam et Lexie Agresti, des militant.es trans qui ont participé à impulser la mobilisation, ont ouvert les prises de parole en revenant sur la conditions des enfants trans : « La petite Lexie et le petit Morgan ne seraient certainement pas là, si les précédentes générations des militant.es trans ne s’étaient pas battu.es pour nos droits avant de nous passer le relai. »

Mimi, militante trans et réfugiée politique thaïlandaise est intervenue sur l’importance de la solidarité de la communauté LGBT envers le peuple palestinien : « Les fachos sont étonnés que les femmes, les queers, les trans sont solidaires avec la Palestine. C’est parce que la solidarité n’est pas dans leur dictionnaire. Nous qui connaissons les violences et la précarité, nous défendons l’alliance entre tous les opprimés ! ». Sasha Yaropolskaya, militante à Du Pain et Des Roses et à Révolution Permanente, a souligné : « je veux que nous, cette nouvelle génération des militant.es trans qui émerge, qu’on soit cette génération qui n’est pas un simple témoin de sa propre destruction, mais celle qui renverse ce système de merde et qui va gagner le combat pour la libération trans ».

A leurs côtés, de nombreux alliés, la plupart des partis politiques de gauche ayant appelé à la mobilisation, de même que des organisations syndicales comme la CGT et Solidaires, des militantes antiracistes, des travailleurs et des étudiants en lutte. Le député de la France Insoumise Andy Kerbrat est intervenu aux côtés de la sénatrice des Écologistes Mélanie Vogel pour exprimer sa solidarité à la communauté trans face aux attaques. Néo, militante trans, s’est exprimée pour la confédération syndicale Solidaires : « Un grand nombre de personnes trans subissent de plein fouet les discriminations au travail et la précarité et l’ensemble du mouvement social, syndicats en particulier doivent se montrer solidaires des luttes transféministes et des personnes trans. En tant que syndicalistes, nous nous devons de défendre l’ensemble des travailleur·ses, et notamment les plus opprimé·es. »

Du côté du monde du travail, des travailleurs de l’éducation ont également pris activement part à l’organisation de l’événement via le collectif Queer Éducation à Paris, tandis que des enseignants en lutte du 93 sont intervenus dans le rassemblement parisien. A Paris, Bridget, gréviste des services à la personne chez Onela, a expliqué au micro : « Moi j’ai compris au cours de ma grève que cette lutte elle est aussi féministe. Et pour moi il n’y a pas de féminisme sans les personnes trans ». A Angoulême, une délégation des militants pour la Palestine sont venus en portant les drapeaux palestiniens exprimer leur solidarité avec les personnes trans en expliquant : « les trans viennent dans nos manifestations pour Gaza. Donc nous aussi, on va les soutenir ! » raconte un participant. A Paris, Ariane, porte-parole du Poing Levé est également intervenue en tant qu’étudiante mobilisée pour la Palestine ayant participé à l’occupation de la Sorbonne contre le génocide à Gaza.

Un front large qui exprimait la volonté de l’appel initiale d’inscrire la riposte trans dans une réponse plus large à la droite et l’extrême-droite qui veulent faire des personnes trans des boucs-émissaires, mais aussi au gouvernement, qui multiplie les attaques anti-ouvrières, casse le système de santé, réprime les soutiens de la Palestine, la jeunesse ou les étrangers. Une démonstration que la lutte contre la transphobie est aussi une lutte contre l’autoritarisme, les idées réactionnaires, la précarité, et une lutte pour la liberté de disposer de son corps et défendre les droits reproductifs et les conquêtes du mouvement féministe.

Après un week-end de mobilisation réussie : s’organiser par en bas pour préparer le 17 mai !

Jamais une mobilisation aussi massive et aussi relayée au niveau local sur l’ensemble du territoire français n’avait existé autour des droits de personnes trans. Un succès qui a eu un écho international, avec des vidéos de soutien venues de Thaïlande, d’Espagne, des États-Unis et du Canada, et un communiqué de soutien d’un collectif trans italien qui a été diffusé et lu dans de nombreux rassemblements de ce week-end. Une première victoire importante pour construire un front dans la rue contre la transphobie.

Il s’agit à présent de ne pas laisser se disperser cette énorme énergie et de chercher à impulser un véritable mouvement contre les offensives transphobes, pour les droits des personnes trans, en se structurant localement au sein d’assemblées générales, et en entrant en contact avec tous les secteurs en lutte pour penser d’autres actions et impulser un véritable mouvement national. Cette volonté de lutter dans la durée semble largement partagée, s’exprimant par exemple dans l’idée d’investir la date du 17 mai, journée mondiale contre les LGBTI-phobies afin de poursuivre la mobilisation.

Alors qu’une autre journée de mobilisation se prépare par ailleurs à l’occasion du 28 mai prochain, jour de l’examen au Sénat de la proposition de loi des Républicains, il y a l’opportunité d’impulser une véritable mobilisation par en bas pour les droits des personnes trans qui pourrait culminer en juin lors des Prides. Cette mobilisation peut devenir massive en dialoguant avec les autres préoccupations des différents secteurs en lutte, notamment les étudiants qui luttent pour la Palestine et les travailleurs qui s’apprêtent à faire grève dans le contexte politique aigu des Jeux Olympiques.

Pour tout cela, les assemblées générales doivent se multiplier dans toutes les villes où des rassemblements se sont organisés, avec l’objectif de poursuivre ce qui a été le meilleur de cette première journée de mobilisation : la détermination et la radicalité de la communauté trans (et plus largement LGBT) qui relève la tête face aux attaques et au mépris que lui accorde cette société, mais aussi l’arc large d’alliances qui peuvent se former autour des droits trans et du refus des discours réactionnaires. Au-delà de la réponse aux réactionnaires, un des objectifs que peut se donner ce mouvement naissant est la conquête de nouveaux droits. Celle-ci dépendra de notre capacité à nous mobiliser et à mobiliser largement.

Comme l’a souligné Sasha Yaropolskaya au rassemblement parisien : « Le 5 mai doit être que le début. On doit poursuivre la mobilisation sur la durée, on doit impulser des assemblées générales qui permettront à une nouvelle génération trans à commencer à construire ce mouvement par la base. Qu’on soit quelques dizaines de milliers aujourd’hui dans toute la France, c’est bien, que la CGT appelle à se mobiliser à nos côtés, c’est bien, mais on doit chercher à entraîner dans la lutte des centaines de milliers, des millions et des dizaines de millions de personnes. »


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