Après plusieurs semaines de mobilisation en soutien à la Palestine, les étudiants européens obtiennent de premières victoires. La présidence de l’université de Barcelone a approuvé jeudi 9 mai une motion appelant à un « positionnement urgent de l’Université de Barcelone sur le génocide et une interruption des liens académiques et économiques avec l’État sioniste », tandis que le Trinity College de Dublin a annoncé son désinvestissement complet de trois sociétés israéliennes dans lesquelles l’université détenait des investissements dans le cadre de ses fonds de dotation. La présidence a déclaré qu’elle « s’efforcerait de se désinvestir des investissements dans d’autres sociétés israéliennes », qui seront examinées par un groupe de travail chargé d’examiner les liens académiques avec les institutions israéliennes.

À Barcelone, les étudiants obtiennent une première victoire après plusieurs jours d’occupation

Le 7 mai, les étudiants de l’université de Barcelone ont établi un campement sur leur campus en soutien à la Palestine. Ils revendiquent un cessez-le-feu immédiat et la fin des partenariats avec les universités israéliennes ainsi qu’avec toutes les entreprises espagnoles qui entretiennent des relations avec l’État d’Israël.

Jeudi 9 mai s’est tenu un conseil extraordinaire de l’Université de Barcelone. Après plus de deux heures d’interventions l’université a approuvé la motion concernant la rupture des relations entre cette université et l’État d’Israël. Les résultats des votes ont donné 59 voix pour et 23 voix contre, obtenant ainsi le soutien de la majorité des membres du conseil présents.
La motion proposée par Universitats per Palestina soulignait l’urgence d’une « position de l’université de Barcelone face au génocide et à la rupture des liens académiques et économiques avec l’État sioniste ». En même temps que se tenait le conseil, une manifestation sous forme de concert de casseroles a débuté devant les portes de la faculté, en solidarité avec le peuple palestinien et en soutien à la motion proposée par Universitats per Palestina.

À Dublin, l’occupation de l’université obtient la rupture de trois partenariats avec Israël et la promesse d’accueillir des chercheurs gazaouis

Vendredi 3 mai, les étudiants mobilisés en soutient à la Palestine du Trinity College Dublin ont établi un campement, entraînant la fermeture du campus. Or, le campus abrite le Livre de Kells, un manuscrit enluminé du Nouveau Testament, qui rapporterait près de 350 000 € par semaine. Une somme non-négligeable, dont l’université a besoin pour fonctionner.

Comme la doyenne de Trinity, le Dr Linda Doyle, l’explique « le revenu tiré du Livre de Kells n’est pas un revenu complémentaire, qui permet juste de mettre du beurre dans les épinards. C’est le revenu qui maintient l’université en marche et soutient des initiatives telles que le fonds de secours aux étudiants. Toute perte de revenu au Livre de Kells affecte directement notre capacité à fournir des services à nos étudiants. » Le campement se poursuivant, la présidence a été contraint de répondre aux demandes des étudiants mobilisés pour reprendre une activité normale du campus.

Le 8 mai, l’université a déclaré le désinvestissement complet de trois sociétés israéliennes dans lesquelles elle détenait des investissements dans le cadre de ses fonds de dotation. Elle a aussi affirmé qu’elle « s’efforcerait de se désinvestir des investissements dans d’autres sociétés israéliennes ».

Pour cela, l’université s’engage à mettre en place un groupe de travail chargé d’examiner les liens académiques avec les institutions israéliennes et les échanges d’étudiants de Trinity avec Israël. Ce groupe aura un président externe et comprendra des représentants des étudiants et du personnel. Trinity a également confirmé avoir trouvé huit places pour des chercheurs de Gaza afin qu’ils continuent leur recherche. Enfin, elle a déclaré travailler depuis janvier avec des parties prenantes locales et internationales pour faciliter l’accès à Trinity pour les étudiants de Gaza souhaitant poursuivre leurs études. Suite à cela, les étudiants ont décidé de mettre fin à leur campement au Trinity collège Dublin.

De premières victoires qui montrent que la mobilisation paie et doit continuer à s’étendre

Par la dénonciation des partenariats et relations qu’entretiennent les universités avec l’État d’Israël et les entreprises qui le soutiennent, les étudiants mobilisés montrent aux yeux du monde comment leurs universités participent à la militarisation, à la production d’armes et au financement de l’armée israélienne. Elles montrent que la mobilisation exerce une véritable pression sur les directions d’université, dans un contexte où celles-ci craignent la contagion et appellent à une répression de plus en plus brutale.

En ce sens, alors que la mobilisation contre le génocide et en soutien au peuple palestinien s’étend dans les campus à travers le monde, il est nécessaire qu’elle se poursuive et s’étende. D’abord, parce qu’un génocide est toujours en cours à Gaza, mais aussi parce que la mobilisation des étudiants est une épine dans le pied des gouvernements qui soutiennent l’Etat d’Israël.

Alors qu’aux Etats-Unis, plus de 2000 étudiants ont été mis en garde à vue depuis le début du mouvement, et qu’en France, c’est plus de 80 étudiants qui ont été interpelés mardi à la Sorbonne, nous devons continuer à dénoncer la politique criminelle de l’Etat d’Israël, mais aussi la criminalisation du soutien à la Palestine et la répression qui s’abat sur celles et ceux qui se mobilisent.