Crédit photo : La Izquierda Diario
Alors qu’Israël franchit une nouvelle étape dans son projet génocidaire avec l’offensive contre Rafah, la mobilisation étudiante de soutien à la Palestine progresse dans les universités d’Europe.
Dans l’État Espagnol, l’Université de Valence entame ce jeudi 9 mai son 11ème jour de mobilisation. Premier campus mobilisé contre le génocide en cours à Gaza sur le territoire, et l’un des premiers en Europe, le mouvement étudiant, qui revendique un cessez-le-feu immédiat et la fin des partenariats avec les universités israéliennes ainsi qu’avec toutes les entreprises espagnoles qui entretiennent des relations avec l’État d’Israël, a reçu le soutien de nombreux syndicats et collectifs pro-Palestine.
Même son de cloche du côté de Madrid, où le 7 mai, des centaines d’étudiants ont déferlé dans la rue pour dénoncer l’offensive à Rafah. L’occasion pour les manifestants de dénoncer l’utilisation de la « loi bâillon » pour criminaliser et réprimer le mouvement de solidarité avec la Palestine, qui n’est pas sans rappeler en France la multiplications des convocations pour « apologie du terrorisme » des soutiens du peuple palestinien.
Impresionante la cantidad de personas, entre ellas muchísimas estudiantes, en la manifestación que ha recorrido la calle principal de Ciudad Universitaria
Abajo el genocidio ! Que viva la lucha del pueblo palestino ! #StudentsForGaza pic.twitter.com/XmnXUIjwWY
— IzquierdaDiario.es (@iDiarioES) May 7, 2024
A l’université de Barcelone, les étudiants ayant installé un campement sur le campus le 7 mai défendent les mêmes revendications : « Nous espérons que les directions universitaires ne vont pas agir comme elles l’ont fait ailleurs dans le monde. Et nous revendiquons la fin des partenariats avec l’État d’Israël » explique ainsi Pablo Castilla, militant à Contra Corriente (organisation sœur de Révolution Permanente). Sous la pression de la mobilisation étudiante et du rassemblement qui avait lieu pendant le conseil de l’université, la présidence a approuvé ce jeudi une motion appelant à un « positionnement urgent de l’Université de Barcelone sur le génocide et une interruption des liens académiques et économiques avec l’État sioniste »..
Moment en el que els i les estudiants de l'acampada de #Barcelona s'assabenten de l'aprovació de la moció de Universitats per Palestina per la ruptura de les relacions de la universitat amb l'Estat d'Israel. #StudentProtests #StudentsForPalestine @UniperPalestina pic.twitter.com/RHvnAmpFBU
— EsquerraDiari.cat (@EsquerraDiari) May 8, 2024
Au total, dans l’État Espagnol, la mobilisation étudiante contre le génocide à Gaza s’est déployé dans une douzaine de villes. Comme le rapporte la Izquierda Diario, le mouvement devrait encore s’étendre puisque les universités de Séville, Grenade, Malaga ou encore Alicante ont l’intention de rejoindre la mobilisation dans les jours à venir.
En Allemagne, les universités de Münster ou encore de Brême sont également mobilisées en soutien à la Palestine. A Berlin, une centaine d’étudiants de la Freien Universität ont tenté d’occuper leur campus ce mardi 7 mai, en défendant notamment « la reconnaissance et le renforcement de l’étude de l’histoire coloniale allemande ». En réponse, la présidence de l’université a immédiatement fat appel à la police qui a violemment expulsé les manifestants et a procédé à de nombreuses interpellations..
Quelques jours plus tôt, la ministre fédérale de l’Education avait appelé les universités à agir fermement contre le prétendu « antisémitisme » des manifestations pro-palestiniennes. Une rhétorique qui vise à criminaliser les mobilisations étudiantes, partagée par la ministre de l’Enseignement Supérieur française Sylvie Retailleau, qui a récemment sommé les présidences d’université à utiliser « l’étendue la plus complète de leurs pouvoirs » contre les étudiants et annoncé poursuivre en justice les étudiants interpellés à la fac de la Sorbonne mardi 7 mai.
Die Polizei räumt das spontane Pro-Palästina-Protestcamp auf dem Campus der FU in Dahlem. Es kommt zu Festnahmen. #FUBerlin #Berlin #Protestcamp #Palästina #Palestine #Israel #Gaza #Gazastreifen #Hamas #Nahost #Nahostkonflikt pic.twitter.com/h75xUlDVLQ
— Berliner Zeitung (@berlinerzeitung) May 7, 2024
La mobilisation étudiante gagne aussi les universités du Royaume-Uni. L’université de Warwick est occupée depuis le 26 avril, et a entraîné avec elle les facs de Newcastle, Manchester, Cambridge, Oxford, ou encore Edimbourg où plusieurs étudiants ont annoncé entamer une grève de la faim jusqu’à l’obtention d’un cessez-le-feu. Aux Pays-Bas, les étudiants mobilisés de l’Université d’Amsterdam ont eux aussi été violemment réprimés par la police, qui a utilisé un bulldozer pour détruire les barricades et a violenté de nombreux étudiants à coup de matraque et de gaz lacrymogènes. 125 personnes ont été interpellées, et l’université a ensuite été bouclée à l’aide de clôtures métalliques.
Dutch riot police have used a bulldozer to break up an anti-Gaza war protest camp at the University of Amsterdam after students refused to leave. pic.twitter.com/zOsuNQ2QvM
— Al Jazeera English (@AJEnglish) May 9, 2024
Le mouvement continue à se développer dans toutes les universités d’Europe, notamment à Helsinki en Finlande, à Copenhague au Danemark où une quarantaine de tentes ont été déployées dans l’université, ou encore à Vienne où la police a interpellé une dizaine de manifestants pro-Palestine. En Suisse également, depuis la semaine dernière, des bâtiments des universités de Genève, Zurich ou Lausanne sont occupés par des étudiants. En Belgique, l’occupation d’un bâtiment de l’Université Libre de Bruxelles se poursuit malgré les provocations de militants sionistes.
L’université de Lausanne rejoint le mouvement étudiant de soutien à Gaza.
Ce n’est plus un soulèvement, c’est une révolution.pic.twitter.com/nywBKPNvDS
— Claude El Khal (@claudeelkhal) May 7, 2024
Le mouvement étudiant de solidarité avec la Palestine s’étend bel et bien partout en Europe. Lieux symboliques qui ravivent le souvenir du mouvement contre la guerre du Vietnam, les universités cristallisent désormais la dénonciation de la complicité des États impérialistes dans le génocide en cours à Gaza. Par la dénonciation des partenariats et relations qu’entretiennent les universités avec l’État d’Israël et les entreprises qui le soutiennent, les étudiants mobilisés montrent aux yeux du monde comment leurs universités participent à la militarisation, à la production d’armes et au financement de l’armée israélienne.
En réponse, les gouvernements européens accentuent la répression et la criminalisation des étudiants mobilisés, par crainte d’une extension du mouvement en dehors des murs de l’université. Face à la tentative de muselage de la solidarité avec Gaza, il s’agit au contraire d’élargir le mouvement à l’ensemble des lieux d’études mais également au monde du travail, pour mettre un stop à l’offensive autoritaire à l’œuvre partout en Europe et défendre le droit de soutenir la Palestine au moment où le génocide pourrait s’accélérer.