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Pas de place pour les tièdes

Conseil national des Républicains : les limites de la synthèse conciliatrice

Ce samedi à Menton, les Républicains réunissaient leur Conseil National pour discuter des élections européennes et annoncer leur programme. Une échéance importante pour unifier le parti autour de cette question brûlante, alors que la dernière période a été marquée par les divisions et les tensions autour du tournant opéré par Laurent Wauquiez. Si le conseil a permis d’afficher un visage plus unifié, il est douteux que la synthèse de ce week-end permette aux Républicains de regagner une place centrale dans le jeu politique.

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Un conseil national important pour un parti divisé

Depuis l’arrivée de Wauquiez à la tête du parti en décembre dernier, élu avec 75% des voix, le tournant opéré par Les Républicains vers une ligne de droite dure ne cesse de générer des tensions en interne. Face aux départs et mises en retrait de figures importantes telles que Xavier Bertrand ou Alain Juppé et à l’exclusion récente de la numéro 2, Virginie Calmels, le Conseil National de ce samedi visait à mettre le parti en ordre de bataille pour les européennes malgré les dissensions.

Pour cela, Laurent Wauquiez a mis en avant depuis quelques semaines dans divers entretiens sa synthèse visant à se délimiter d’Emmanuel Macron, conspué pour son incapacité à réduire les dépenses publiques et comme incarnation d’un « fédéralisme technocratique ». Pour dépasser le clivage eurosceptique/pro-européen, Wauquiez prétend proposer une sorte de nationalisme européen. Un projet centré sur une réponse européenne à la question migratoire et aux prémices d’une guerre commerciale mondiale, préservant l’euro tout en réduisant le coût des institutions européennes et redonnant aux Etats un certain nombre de compétences.

Cette approche s’est traduite samedi dans le vote d’un manifeste portant sur sept piliers : l’« engagement européen », des « frontières sûres » et « stables », une « préférence européenne », un « refus de la concurrence déloyale », un appel à « moins de normes » pour « plus de projets », et enfin la défense de la « civilisation européenne ». Plus consensuel, ce projet a été bien accueilli par la branche plus libérale du parti, incarnée par Valérie Pécresse. Malgré tout, la question se pose encore de savoir si un tel projet peut permettre aux Républicains de se construire une base sociale conséquente pour affronter les européennes.

Les limites de la synthèse conciliatrice en période de polarisation

A moins d’un an des élections européennes, Laurent Wauquiez tente de mettre son parti en ordre de bataille par une synthèse conciliatrice sur la question européenne, tout en continuant de draguer les « classes moyennes » touchées par les réformes du gouvernement telles que l’augmentation de la CSG ou le relèvement des taxes sur le tabac et les carburants, ainsi que l’électorat du Front National par le maintien d’une ligne dure sur l’immigration.

Malheureusement pour Wauquiez, sur le terrain du nationalisme, le Rassemblement National de Marine Le Pen devrait capitaliser sur l’émergence d’un « Axe des Volontés » entre l’Italie, l’Autriche et l’Allemagne, par le biais du ministre de l’intérieur, Horst Seehofer. Du côté d’En Marche, en dépit de la fragilisation du gouvernement, les réformes portées convainquent la bourgeoisie et on a de la peine à voir pourquoi elle se tournerait vers LR au risque de fragiliser encore un peu plus le bonapartisme du président.

Si Wauquiez pourrait capitaliser sur des déçus du macronisme au sein des couches intermédiaires, il semble que ce gain ne sera que résiduel et transitoire. Dans une période de polarisation politique comme celle que nous traversons, il semble y avoir peu d’espace pour la conciliation au nom de la préservation du parti. Entre les tropismes vers en Marche et ceux vers le FN, à l’image de l’intérêt du mouvement Sens Commun pour la figure de Marion Maréchal Le Pen, les Républicains seront probablement amenés à se délimiter plus clairement à un moment ou un autre.

Crédits photos : JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR LE MONDE


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