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Chasse aux migrants

Jeux olympiques : l’État jette à la rue 450 migrants hébergés à Vitry

Avec le plus grand cynisme, l’État a expulsé 450 migrants d’un squat à Vitry le 17 avril au matin. 100 jours précisément avant le début des Jeux olympiques, cette attaque se place dans la continuité de la politique répressive, anti-pauvres et anti-migrants du gouvernement, avec l’objectif de « nettoyer » la capitale.

Karl Nara

17 avril

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Jeux olympiques : l'État jette à la rue 450 migrants hébergés à Vitry

Crédit photo : CL Press

Ce matin, 250 CRS ont procédé à l’expulsion de 450 migrants d’un squat situé dans une usine désaffectée de Vitry, au sud de la capitale. Une centaine de personnes avaient déjà fui le lieu à la suite de rumeurs d’expulsion. Aux alentours de 8 heures du matin, les premières familles ont commencé à être expulsées par les CRS.

Selon l’association United migrants qui suivait de près ce lieu, 80% des occupants sont en situation régulière en France. Le journaliste du Bondy Blog Névil Gagnepain, qui couvrait l’expulsion, note que « nombre d’entre eux travaillent et des enfants sont scolarisés à Vitry ». Selon le Collectif Accès au Droit, les migrants expulsés seraient redirigés vers Bordeaux et les Pays de la Loire. Au cours de la matinée, une partie des personnes évacuées ont été transférées en province par car. Cette expulsion, au milieu des vacances scolaires dans la région, met en péril la situation déjà précaire de ces personnes. Jhila Prentis, bénévole de United migrants témoigne au micro du journaliste Clément Lanot : « On est pas du tout rassuré que les solutions d’hébergement vont être adéquates. Ce qu’on a vu c’est que beaucoup de gens, quelques semaines plus tard, se retrouvent à la rue ».

Paul Alauzy, coordinateur pour Médecin du monde, témoigne pour Libération : « On expulse [des squats] des Tchadiens, des Soudanais, des Érythréens, des Ivoiriens, des Guinéens qui ont des papiers : des gens en CDI mais à qui on ne veut pas louer d’appartements. La seule solution reste le squat. » Dans une interview pour l’agence CL Press, il déclare : « les autorités justifient l’expulsion en disant que le propriétaire veut récupérer les lieux, qu’il y a des travaux d’un tram qui passerait par ici. Et on nous a même dit il y a quelques jours, à la volée, qu’il y aurait des logements sociaux qui seraient construits là. » Il admet ne pas trop croire à ces constructions, préférant expliquer cette expulsion par « toutes les politiques maltraitantes et de non-accueil qu’il y a contre les personnes étrangères et à la rue depuis des années et l’accélération qu’il y a avec l’arrivée des Jeux ». Signe, s’il en fallait, du caractère mensonger des justifications avancées, il rajoute : « Cela fait un an qu’on assiste à des expulsions et les squats évacués restent toujours vides ».

Le squat de Vitry a connu une multiplication des arrivées suite aux expulsions, depuis un an, de nombreux autres squats de la région parisienne. L’année dernière, l’État ordonnait l’expulsion de bâtiments sur l’Île-Saint-Denis dans lequel vivaient quelques 500 migrants. Une expulsion encore une fois liée aux JO, ce squat étant à proximité immédiate du village des athlètes.

Ce n’est pas la première fois que les Jeux olympiques sont l’occasion pour le pays organisateur de renforcer la répression envers les sans-abris, les quartiers populaires et les migrants. En 2016, lors de la préparation des Jeux olympiques à Rio de Janeiro, Amnesty International alertait sur les nombreux morts liés à la politique de « pacification » du gouvernement brésilien. En France, les annonces s’enchainent à l’approche des Jeux : expulsion des étudiants des logements CROUS pour loger policiers et sécurité privé, « transfert » de sans-abris migrants de Paris vers les régions et en particulier la ville d’Orléans, ou encore « zones rouges » interdite aux sans-abris dans la capitale. Les sénateurs profitent également de l’occasion pour adopter une loi interdisant la grève dans le secteur des transports pendant 30 jours par an. Une politique que l’association Le revers de la médaille résume en trois slogans, pastichant la devise des Jeux : « Plus vite pour vider l’Île-de-France des populations précarisées » ; « Plus haut vers l’exploitation des travailleurs sans-papiers » ; « Plus fort dans la réponse sécuritaire contre les personnes à la rue ».


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