Dans son dernier communiqué, l’intersyndicale CGT-FO-FSU-UNEF-UNL-Fidl a renouvelé sa détermination à poursuivre le mouvement en posant les deux jalons du 1er et du 3 mai, date de l’ouverture des débats à l’Assemblée nationale. Il aura fallu l’attendre longtemps, cette date du 28, après les journées à saute-mouton du 9 mars, du 31 mars et du 9 avril.
La stratégie perdante des directions syndicales avait été pour partie responsable du fléchissement de la mobilisation le 9 avril, par rapport à la journée de grève générale du 31 mars qui reste, avec un million de travailleurs dans la rue, le pic de mobilisation côté salariés.
Le mouvement est loin d’avoir dit son dernier mot et la jeunesse, avec les appels de la Coordination Nationale Etudiante, s’est chargée de poser ses propres jalons, comme le 14 avril. Elle sera à nouveau au rendez-vous demain, même si un tiers des académies, dont celles de région parisienne sont encore en vacances scolaires.
Nuit Debout a contribué à ancrer le mouvement dans la durée et à poser dans l’espace public la question de la répression, face au silence complice des principaux groupes de médias.
Avec les occupations du Théâtre de l’Odéon, de la Comédie française et la journée de grève du 26 avril à la SNCF, cheminots et intermittents ont vivifié cette semaine le mouvement, en portant leurs propres revendications, contre le nouvel accord sur l’assurance chômage et le décret socle.
Ce ne sera que si des secteurs entiers du monde de travail saisissent au vif le mouvement avec leurs mots d’ordres, que pourra se construire une grève reconductible plus que nécessaire pour obtenir à la fois le retrait du projet de loi et des victoire sectorielles. En choisissant de ne pas faire coïncider la journée de mobilisation du rail avec la journée de grève interprofessionnelle du 28, les directions syndicales de la SNCF amenuisent y compris les perspectives d’une victoire contre le décret socle.
En se contentant de poser de nouvelles dates sans chercher réellement à construire la grève reconductible, l’intersyndicale est encore une fois, trois pas en arrière face à la dynamique actuelle.
Il nous revient à tous, depuis la base, de construire la grève reconductible pour imposer le retrait du projet de loi et faire subir une réelle défaite à un gouvernement croupion qui patauge dans des abîmes d’impopularité. Une chose est sûre, le mécontentement et la colère ne manquent pas. L’envie de se battre non plus. Le rebond est possible, à nous d’en être convaincus. Les déclarations déterminées et les nouvelles dates de l’intersyndicale ne suffisent pas. Face à l’absence de plan de lutte en haut, les intermittents montrent une fois encore la voie à suivre. Leur lutte est un exemple pour nous organiser tous, selon ces quatre axes : coordination dans la prise de décision, intransigeance dans l’action, grève reconductible et convergence effective des luttes.
A bon entendeur !
crédit photo : Jean Segura et Ahlil Villalba
