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Austérité

Le Maire met le cap sur 2027 et promet une cure d’austérité généralisée

Le ministre de l’économie Bruno Le Maire a ébauché la semaine dernière dans un livre et une interview les grandes lignes de son « programme économique pour la France ». Au menu : accélération de l’offensive ultra-austéritaire, « nouvelle réforme de l’assurance chômage » et volonté d’« en finir avec l’Etat providence ».

Arsène Justo

18 mars

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Le Maire met le cap sur 2027 et promet une cure d'austérité généralisée

Crédit photo : IAEA Imagebank

Après Gabriel Attal il y a trois semaines, c’était au tour de Bruno Le Maire d’accorder ce week-end une interview exclusive au très droitier JDD de Vincent Bolloré et dirigé par le zemmouriste Geoffroy Lejeune. L’occasion pour le ministre de faire le service après-vente de son dernier livre et de développer un programme anti-social et ultra-austéritaire en vue d’une (très) probable candidature en 2027.

« En finir avec l’Etat providence »

Le ministre promet entre autres d’ « en finir avec l’Etat providence », afin de le remplacer par un « Etat protecteur ». Mais si l’ancien candidat à la primaire de la droite se garde bien d’en définir le concept, le reste de son interview en esquisse les grandes lignes : moins d’aides pour les classes populaires et les travailleurs, mais toujours plus de protections (notamment contre le mouvement ouvrier) et de subventions pour le patronat.

La transition vers ce « nouveau modèle » impliquerait notamment pour le ministre de procéder à une « nouvelle réforme de l’assurance chômage » et à de nouvelles attaques contre les durées d’indemnisation « parmi les plus généreuses en Europe » au nom d’une rhétorique « anti-assistanat » pro-patronale justifiée par la hausse du taux de chômage. Pourtant, la précédente réforme, qui date de 2023 et diminuait déjà la durée des indemnisations de 25%, avait pour justification centrale… la baisse du taux de chômage.

Dans cette veine, Le Maire annonce également souhaiter que la France sorte d’une prétendue « gratuité universelle ». Qu’il se rassure, pour les classes populaires rien n’a jamais été gratuit, mais évidemment il s’agit surtout d’annoncer une nouvelle vague austéritaire d’ampleur sans avoir à en évoquer les détails. Plusieurs pistes sont cependant évoquées dans la continuité de la politique appliquée ces derniers mois : notamment le déremboursement des affections de longue durée dont le ministre déplore qu’elles « [représentent] désormais 120 milliards, soit la moitié de la totalité des dépenses de soins », mais également de nouvelles offensives contre diverses aides à destination des salariés.

Le ministre explique à ce propos : « quand il a été fondé en 1945, notre modèle avait peu de prestations et beaucoup de cotisants. Près de 80 ans plus tard, il a beaucoup de prestations et moins de cotisants. Comment cela peut-il tenir ? ». Une déclaration qui fait semblant d’oublier que la productivité moyenne a été multipliée par plus de vingt ces 80 dernières années et surtout, que le patronat capte depuis 1945 une part toujours plus importante de la plus-value créée par les travailleurs. Un projet qui s’inscrit en tous cas dans la continuité des importantes coupes budgétaires d’ores et déjà annoncées dans les domaines de l’éducation, de l’écologie et de la santé en ce début d’année.

Des promesses au grand patronat

L’article du JDD sert par ailleurs de tract au ministre pour lister tous les juteux cadeaux qu’il réserve au grand patronat français. Ainsi, le ministre propose notamment à l’échelle de l’Europe un grand plan visant à favoriser « l’innovation » (c’est à dire augmenter encore les subventions offertes au grand patronat et renforcer l’inviolabilité des brevets) et à combattre « les règlementations » (c’est à dire offrir toujours plus de concessions aux entreprises polluantes, en continuant la casse du droit du travail et en multipliant les concessions fiscales).

Bruno Le Maire déclare également soutenir « les allègements de charges » promis par Gabriel Attal pour les entreprises. En effet, si l’austérité règne dans l’éducation, la santé, et que les classes populaires sont contraintes toujours plus à la misère sous prétexte qu’il faut réduire à tout prix le déficit, le patronat connaît un son de cloche divergent. En résumé, le Maire prêche essentiellement dans cette interview un vide dont il est expert. Derrière ses quelques grandes formules, on retrouve essentiellement la ligne déjà suivie par les gouvernements successifs (dont il a bien souvent fait partie) en matière d’économie. Des promesses qui servent surtout ici de carte de visite au grand patronat, que Le Maire espère sans doute convaincre qu’il est leur candidat naturel pour les prochaines élections présidentielles.


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