Cette semaine outre Loïc, trois autres militants de Sainte-Soline étaient poursuivis. B., 27 ans, a été photographié par les gendarmes, en fin de manifestation, une veste de gendarmerie nouée autour de la taille. C’était sa première manifestation. Autre photographie, autre inculpé. N. n’a rien fait de l’aveu même des gendarmes, mais il était présent dans « le groupement ». Poursuivi pour « participation à un groupement en vue de la préparation de violence contre les personnes ou de destruction ou dégradation de biens », il écope de quatre mois avec sursis. F de son côté a dansé à Sainte-Soline habillé d’un costume de lapin et d’un gilet pare-balle de gendarmerie. Il a publié une photo sur les réseaux sociaux. Celui lui vaut une accusation : « recel de vol aggravé ». Tous ont été identifiés par la reconnaissance faciale, un procédé disproportionné dénoncent leurs avocats. Pour arrêter Loïc, la justice avait recouru à une unité de contreterrorisme.

Loïc S, donc, comparaît ce jeudi devant le tribunal de grande instance de Niort. Le militant est un habitué des luttes écologistes : à 27 ans, il a été de toutes les manifestations et de toutes les luttes. La répression politique et policière : il connaît. A 19 ans déjà il était déjà passé devant les tribunaux pour des cyberattaques symboliques contre le site internet de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), de Cigéo, du conseil général de la Meuse et du conseil régional de Lorraine. En 2017 à nouveau pour avoir “dégradé” les grilles de l’écothèque de l’Andra. Cette même année l’Allemagne avait émis un mandat d’arrêt contre lui pour des actions contre le G20 à Hambourg. En 2018, finalement arrêté, il avait passé un an et demi dans une prison allemande. Le verdict pour sa présence à Sainte-Soline est donc finalement tombé : 1 an de prison ferme. Les faits reprochés ? Des photos où les enquêteurs disent le distinguer déguisé en moine en train de tenir un gilet de gendarme et de taguer une carcasse de véhicule.

Le militant avait déjà eu à subir une arrestation particulièrement musclée : le 20 juin, une vingtaine de policiers étaient entrés de force à son domicile et l’avaient violemment plaqué au sol lui et sa compagne. Cette dernière avait témoigné auprès de Reporterre : « c’était d’une brutalité inouïe, avec mes pieds je parvenais à le toucher et je tentais de le caresser pour le rassurer ». Loïc avait ensuite été placé en détention provisoire le 22 juin à Poitiers. Il était alors resté emprisonné pendant plus d’un mois dans une minuscule cellule avec deux autres personnes, dans des conditions d’insalubrité extrême.

Le décalage entre les maigres faits reprochés et la dureté de la peine a de quoi faire réagir. Il s’inscrit en réalité dans une répression sans précédent du mouvement écologiste, qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle qu’ont eu à subir les révoltés des quartiers populaires, mobilisés en réponse au meurtre de Nahel par un policier. Un verdict extrêmement dur qui va par ailleurs de pair avec l’ultra-violence dont a fait preuve la police à Saintes-Soline, l’espionnage policier de militants écologiques ces derniers mois, la multiplication des opérations de perquisitions et d’arrestations menées par des services antiterroristes, ou encore la dissolution des Soulèvements de la Terre en juin dernier.

Une déclaration de Loïc à la barre rapportée par Médiapart résume assez l’ensemble. « Je ne répondrai pas à vos questions, sauf si vous pouvez répondre aux miennes : qui a tiré sur Serge et Mickael. Il est malheureux qu’on ne retrouve pas les personnes qui ont mis des manifestants dans le coma et qu’on s’intéresse longuement à un moine. ». Face à la répression, les dissolutions, la surenchère policière et judiciaires de ces derniers mois, il y a urgence : l’ensemble des organisations politiques, syndicales et du mouvement social doivent faire front pour organiser une riposte à la hauteur.