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McDonald’s : leurs profits contre nos vies ! – La franchise, l’arme de l’exploitation

« ​ Ça fait 20 ans que je travaille au sein de cette enseigne au sein de MacDonald's, une enseigne qui prend soin de son image mais qui ne prend pas soin de ses salariés ». C'est l'une des premières phrases que nous a dites Kamel Guemari, leader de la contestation au sein du McDonald's de Saint-Barthélemy, dans les quartiers nords marseillais. Pendant plusieurs semaines, nous avons eu la chance de pouvoir suivre ces travailleurs qui luttent contre l'une des multinationales les plus puissantes du monde. L'objectif de cette série est de dévoiler comment l'empire du fast-food cherche à les asservir, au travers de l'exploitation, de l'intimidation, de la violence. Loin d'être un cas isolé, les salariés dénoncent un système global, qui ne vise qu'une chose : « leurs profits, contre nos vies !

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La franchise, l’arme de l’exploitation

L’expansion de McDonald’s s’est construite sur le modèle de la franchise, à tel point qu’aujourd’hui ce sont 90% des restaurants qui suivent ce modèle. Comment cette stratégie de développement permet l’accroissement de l’exploitation des travailleurs et a dans une grande mesure pour objectif de limiter toute contestation directe de ces derniers contre la maison-mère ?

McDonald’s est le modèle du modèle de « franchise ». L’expansion de cette multinationale s’est réalisée sur cette stratégie à tel point qu’aujourd’hui, 90% des restaurants McDonald’s dans le monde sont des franchises. Nous avons voulu étudier comment aujourd’hui cette stratégie de développement permet l’accroissement de l’exploitation des travailleurs et a dans une grande mesure pour objectif de limiter toute contestation directe de ces derniers contre la maison-mère.

Pour le définir, le système de franchise est une stratégie de développement en réseau qui s’appuie sur un contrat entre une entreprise qui développe un « concept » (le franchiseur), et une entité juridique indépendante (le franchisé) qui exploite le concept développé par le franchiseur.

Dans le cas de McDonald’s, l’empire du fast-food loue l’image de marque et le lieu à un franchisé, qui est, quant à lui, responsable de la gestion du restaurant. Les locaux appartiennent à la maison-mère, qui les loue à un prix fort. Le loyer varie entre 15 et 25% du chiffre d’affaires. Pour l’usage des publicités, des logos, des noms des sandwichs, 5 % du chiffre d’affaires est également reversé. En moyenne, l’entreprise McDonald’s récolte ainsi 25% du chiffre d’affaires des restaurants, par le simple fait d’en toucher une rente, sans gérer directement la fabrication ni la vente des sandwichs. Le franchisé est également dans l’obligation d’acheter ses produits auprès de McDonald’s France, et n’a pas la main sur les prix des menus. Ainsi, ces petits patrons qui gèrent les restaurants sont en grande partie assujettis aux politiques commerciales de la maison-mère. Ils ne sont clairement pas indépendants que ce soit en matière de flux financiers ou de marchandises.

Ainsi, dans ce système de « franchise », la seule possibilité d’augmenter leurs profits pour ces gestionnaires est donc d’augmenter le degré d’exploitation des travailleurs et tous les moyens sont bons : chasse aux temps morts, tranches horaires séparées de plusieurs heures non rémunérées, salaire au SMIC horaire, travail de nuit considéré comme tel qu’à partir de 2 heures du matin, ajustement du temps de travail à la fréquentation réalisé grâce à des heures complémentaires, c’est-à-dire sans augmentation du taux horaire contrairement aux heures supplémentaires, 30 minutes de pause non rémunérées toutes les 5 heures.

McDonald’s externalise et délègue les risques de faillites aux franchisés, mais aussi et surtout reporte sur eux la charge d’exploiter sans limites les salariés. Ainsi, ces derniers souhaitant se battre pour leurs droits et leurs dignités ne devraient pouvoir s’en prendre qu’aux « franchisés », qui ne restent qu’en moyenne 3 à 4 ans à la tête des restaurants. Une sorte de fusible pour la maison-mère. Qui plus est, chaque franchisé est libre de définir les conditions salariales des restaurants dont il a la gestion. Par conséquent d’un restaurant à l’autre elles ne sont pas les mêmes. Alors que le Hamburger a le même goût, les salariés eux n’ont pas tous les mêmes conditions. Cette division entraînée et voulue, donne lieux à différentes revendications selon les restaurants, et par conséquent permet de limiter toutes mobilisations d’envergures contre la maison-mère. Ainsi l’une des revendications des travailleurs de Saint-Barthélemy est que tous les salariés de McDonald’s aient les mêmes conditions salariales, peu importe le franchisé qui les emploie.

Par cette arme de l’exploitation, la franchise, l’empire du fast-food restreint toute contestation à l’échelle locale et se déresponsabilise du mal-être qu’elle impose aux travailleurs, souvent jeunes et précaires. Loin d’être un système unique, le laboratoire de l’exploitation de McDonald’s se développe et existe dans de nombreux secteurs. Que ce soit dans les enseignes de vêtement comme Zara, mais aussi au travers de la sous-traitance dans les sociétés de nettoyage ou les industries lourdes, cette déresponsabilisation des maisons-mères est une des nouvelles stratégies du capitalisme pour exploiter. Il est ainsi vital pour les luttes à venir, comme le souligne Kamel Guemari, figure de la contestation au McDonald’s de Saint-Barthélemy, de contourner ces intermédiaires, fusibles, que sont les franchisés, qui sont avant tout le relais de l’exploitation de ces grandes multinationales. « Tant qu’il n’y aura pas de justice, McDonald’s n’aura pas la paix ».


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