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VTC, Uber…

Mobilisation des taxis, vitesse escargot

Depuis mardi, c’est donc une nouvelle grève qui a été entamée par les chauffeurs de taxi pour protester contre le développement des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC), et notamment du principal protagoniste Uber. Mais force est de constater que les différentes mobilisations dans les dernières années n’ont pas servi à grand-chose. Sans un programme qui permette de rassembler largement, il y a de fortes chances que celle-ci subisse le même sort.

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Renan Granger

Une mobilisation qui s’enlise

Mardi, la mobilisation des taxis avait démarré fort avec plus de 2000 taxis mobilisés en région parisienne. Cependant, dès le lendemain, la mobilisation a chuté de moitié et elle peine aujourd’hui à continuer. Aujourd’hui, les chauffeurs de taxis n’étaient plus qu’entre 500 et 1000 à se mobiliser en région parisienne. Un peu partout, des opérations escargots ont été lancées dans les grosses villes de France, mais qui ne compense pas la faiblesse de la mobilisation. De plus, sept chauffeurs de taxis ont été placés en garde à vue.

Les statuts de travail des chauffeurs de taxi sont très différents, entre les artisans, qui possèdent une licence, dont le prix varie très fortement selon les régions et dans le temps (de 30 000€ à 350 000€), les locataires de la licence et les taxis salariés. Le gouvernement exploite ces différences de statuts pour tenter de diviser le mouvement, par exemple en proposant de payer une partie de la licence aux nouveaux taxis, ce qui ne concernerait qu’une seule catégorie.

Mais globalement, tous ces statuts vivent une précarisation grandissante de leurs conditions de travail depuis ces dernières années, largement accentuée par le développement des VTC. Tout simplement parce que le réseau VTC est moins cher et plus réactif, car directement relié à une application mobile. Une nouvelle réglementation avait bien vu le jour l’année dernière pour encadrer le statut mais celle-ci n’a jamais été respectée par les VTC. Et le problème continue…

Et pendant ce temps-là, les actionnaires d’Uber jubilent

Mais la principale épine dans le pied des chauffeurs de taxis, au-delà des provocations d’un gouvernement radicalement anti-travailleurs, c’est que, pendant qu’ils font grève, les VTC, eux, continuent de tourner et Uber a multiplié son chiffre d’affaires ces derniers jours grâce aux clients qui affluent… en raison de la grève des taxis. Une situation toujours gagnante donc, pour les actionnaires de l’application mobile VTC, qui peuvent continuer d’exploiter leurs chauffeurs en toute tranquillité. Car les conducteurs d’Uber sont un peu le sous-prolétariat du monde des chauffeurs de taxi. Ces dernières années, au fur et à mesure que le nombre de chauffeurs Uber augmentait, le prix des courses fixé par l’entreprise ne faisait que diminuer. Résultat, très peu de chauffeurs arrivent à gagner plus que le SMIC et beaucoup doivent rouler plus de 50h par semaine.

Au fond, dans la lutte des taxis contre les chauffeurs VTC, il n’y a rien de nouveau pour le capitalisme : la lutte éclate entre le plus précaire et le moins précaire, pour le bénéfice d’un actionnariat d’ultra-riches. Et pour être le plus complet possible, il faut rajouter dans cette équation les clients qui ne voient pas pourquoi ils devraient revenir à l’ancien système des taxis alors que la technologie permet de pouvoir être transporté de manière beaucoup plus fluide. Et cette configuration permet aux actionnaires d’Uber de se refaire une santé à moindre frais en se présentant comme les développeurs de la technologie de demain contre le système archaïque des taxis, et en plus de cela créateurs d’emplois : sous-payés et sans couverture sociale évidemment. Bonnes poires, les dirigeants d’Uber se payent même le luxe de se poser en conciliateurs en proposant d’héberger les chauffeurs de taxis sur leur plateforme. Avec la bénédiction du gouvernement Macron pour qui le développement d’Uber est un moyen de contourner la législation du travail que ceux-ci voudraient bien voir abolie. En ce sens, il n’y rien à espérer de la nomination d’un nouveau médiateur proposé par le gouvernement et soutenue par Uber. D’ailleurs, trois syndicats ont déjà quitté la table des négociations.

Un programme pour gagner

La seule réponse progressiste pour une transformation radicale du secteur serait que celui-ci soit conduit par les salariés et les artisans eux-mêmes. Ce serait la seule façon pour ne pas finir emboutis par la concurrence des plus gros, que ce soit les grosses sociétés de taxi, ou les plus nouvelles, qui se jettent sur le marché comme des requins. Au fond, la lutte des taxis pourrait être celle d’autres salariés, mais à condition de briser le cadre corporatiste d’une lutte contre Uber puisque cette dernière n’est qu’une des expressions de la « macronisation » du marché du travail, avec sa haute dose de libéralisation et d’ouverture de contrats civils, commerciaux, de gré à gré et sans aucun contrôle. Rien à voir, donc, avec l’élargissement du « marché des taxis » en direction d’une clientèle de personnes âgées ou en situation de handicap qui souffrent des défauts actuels des systèmes de transport.

Des solutions temporaires ou des demi-mesures seront sûrement adoptées, mais seule la combinaison de la nationalisation et du contrôle des salariés permettrait réellement de sauver l’artisanat contre les monopoles et les oligopoles des grandes entreprises, de garantir un avenir pour les taxis salariés et de donner un contrôle des prix aux usagers.


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