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Rien ne va plus à Poitiers

PS : Pigasse et Montebourg trouble-fêtes

Jean-Patrick Clech La campagne poitevine et son calme. En comparaison aux cafouillages et aux sifflets du Congrès des Républicains de la Porte de La Villette, la semaine précédente, après avoir éreinté la motion des « frondeurs » de Christian Paul, grâce au ralliement de Martine Aubry, le Congrès de Poitiers était censé acter le rassemblement retrouvé. Par-delà les mauvais chiffres dans les sondages et un Manuel Valls qui pourrait être susceptible de lui voler la vedette, François Hollande devait reprendre les rênes. C’était sans compter Mathieu Pigasse et Arnaud Montebourg avec leur tribune du Journal du Dimanche. De là à dire que c’est une bonne nouvelle, « de gauche », pour le camp des travailleurs et de la jeunesse…

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Un Congrès réussi jusqu’au (Journal du) Dimanche

Samedi 6 juin, la mise en scène semblait trop parfaite. Hollande n’était pas présent, bien entendu, et malgré les sondages donnant son Premier ministre moins impopulaire que lui et potentiellement mieux placé dans la course à la présidentielle de 2017, c’était lui la star du Congrès. Impopulaire dans l’opinion mais, apparemment, populaire dans son parti, Hollande a été applaudi à qui mieux-mieux et le service de presse du PS a bien insisté dessus. Valls, dans le rôle de fidèle exécutant, a vertement critiqué Sarkozy et diabolisé Le Pen pour mieux faire acclamer son patron. Tout le monde y a mis du sien, Martine Aubry et Jean-Christophe Cambadélis, nouveau secrétaire, participant à la standing ovation finale du discours de Valls pour le chef de l’Etat.

Le Congrès consensuel et l’unanimité retrouvée, actant le retour de Martine Aubry rue de Solférino et la marginalisation des frondeurs, ont néanmoins été quelque peu plombés par la tribune « Hébétés, nous marchons vers le désastre… », signée Pigasse et Montebourg. Prenant ainsi tous les « camarades » de court, y compris l’aile « gauche » du parti.

Le CV des personnages est assez révélateur. Si tous deux ont un faux air de John Travolta dans la Fièvre du Samedi soir, le premier est moins connu du grand public : proche de DSK, avant le scandale du Sofitel new-yorkais, banquier soi-disant « rock’n’roll » chez Lazard, conseiller spécial d’Alexis Tsipras. Côté Montebourg, il n’est plus à présenter : ministre (impuissant) du « Redressement productif », il s’était reconverti en chef-de-rayon-de-première-classe chez Habitat après avoir été débarqué du gouvernement par Valls en août 2014. Retiré de la vie politique, tout en lorgnant du côté du PS, toujours et encore.

Une tribune bonne nouvelle ?

Une tribune étrillant Hollande et Valls serait-elle, par les temps qui courent, un point d’appui pour celles et ceux qui en ont assez de cette politique et qui entendent bien redresser la tête à travers les luttes ? En substance, le texte dit que la faute principale de Hollande, ce n’est pas tant de suivre la ligne du Medef mais celle dictée par Bruxelles et par Berlin, et qu’il faudrait relancer la croissance par un « bon déficit ». Rien de bien révolutionnaire, certainement, mais un article surtout très chauvin. Jean-Luc Mélenchon ne s’y est pas trompé, d’ailleurs, appelant Montebourg et Pigasse à le rejoindre. Les bons entrepreneurs et les bons banquiers en renfort pour le Front de Gauche, il n’y a aucun doute qu’ainsi paré, Mélenchon rebondirait dans les sondages…

Les contradictions de retour

Par-delà le caractère franchouillo-keynésien de ce qui est avancé par toute une partie de « la gauche » dont les travailleurs n’ont rien à attendre, une autre leçon se dessine du Congrès du PS. Il est fini, le temps des « motions de synthèses hollandistes ». Elles peuvent marcher sur le papier mais si, en dernière instance, les vrais protagonistes du rendez-vous de Poitiers ont été les deux oustiders des primaires de 2011, Valls et Montebourg, cela en dit long sur les contradictions qui continuent à tarauder la présidence.

Cela réserve un certain nombre de surprises possibles pour les deux ans à venir, qui seraient d’autant plus intéressantes si, en toute autonomie, le monde du travail et de la jeunesse en profitaient pour intervenir. Mais pour cela, il faut laisser Pigasse et Montebourg à leurs chimères de « relance » par les ménages et les entreprises, les frondeurs à leurs rêveries d’un « Podemos » à la française, Duflot à ses songes d’un « Podemos avec les frondeurs » et Mélenchon à ses velléités d’un « Podemos autour de lui ».


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