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Qui est Arnaud Rousseau, l’agrobusinessman à la tête de la FNSEA ?

Alors que la mobilisation s’intensifie dans le monde agricole, le président de la FNSEA fait le tour des plateaux pour lister ce que sont selon lui les problèmes des agriculteurs. Des revendications qui préservent systématiquement les intérêts de l’agro-business.

Joshua Cohn

24 janvier

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Qui est Arnaud Rousseau, l'agrobusinessman à la tête de la FNSEA ?

Crédit photo : Capture d’écran RMC

Alors que depuis le 16 janvier dernier, la mobilisation du secteur agricole qui avait débuté au mois de décembre s’intensifie, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, répète à qui veut l’entendre, de Matignon aux plateaux de télévision, que le principal problème des agriculteurs français serait les normes environnementales. Pourtant, le patron du 1er syndicat agricole de France se fait beaucoup moins virulent contre le coût élevé des machines et des matières premières, et les prix dérisoires des produits agricoles imposés par la grande distribution. Et pour cause, Arnaud Rousseau incarne personnellement les intérêts de la grande industrie agro-alimentaire.

Diplômé de l’European Business School de Paris, Arnaud Rousseau travaille d’abord dans le négoce et le courtage des matières premières agricoles, c’est-à-dire comme négociant sur les marchés financiers indexés sur les cours des produits agricoles.

Il collabore ensuite à l’exploitation céréalière de son père en Seine-et-Marne, avant de prendre sa suite à la tête de ses 700 hectares de colza, tournesol, blé, betterave, maïs et légumes. Un businessman et un héritier dont la situation est sans commune mesure avec la vaste majorité des agriculteurs français dont l’exploitation moyenne mesure 69 hectares selon le recensement agricole de 2020, soit 10 fois moins que celle de M. Rousseau.

Mais sa carrière ne s’arrête pas là. En 2017, il accède à la présidence de la Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux, ainsi qu’à celle du conseil d’administration de la société Avril, spécialisée dans les oléagineux et de protéagineux et dans leur débouchés dans l’alimentation humaine et animale, la chimie et l’énergie (agro-carburants), et qui commercialise via ses multiples filiales des marques telles que Lesieur, Isio4, Puget ou Soléou. Il arrive finalement à la tête de la FNSEA en 2020.

En tant que syndicat patronal agricole majoritaire, la FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA), dont elle est très proche, entretiennent des liens étroits avec les secteurs les plus concentrés de l’industrie agroalimentaire. C’est ainsi que Christiane Lambert, ancienne présidente de la FNSEA, siège aujourd’hui au conseil d’administration du Crédit agricole, banque auprès de laquelle de nombreux agriculteurs se sont endettés pour financer des infrastructures sur leurs exploitations et dont les mensualités sont un paramètre non négligeable du malaise qui s’exprime en ce moment chez les agriculteurs.

Les liens entre la FNSEA et les puissants acteurs de l’industrie agro-alimentaire expliquent la présentation complètement déformée qu’Arnaud Rousseau fait de la situation des agriculteurs. Interrogé par TF1 en début de semaine, Rousseau insiste ainsi sur les réglementations environnementales, dont la réduction est au cœur de ses revendications : « On ne comprend pas pourquoi on impose tant de normes, tant de règles. »

Alors que 18% des ménages agricoles vivent sous le seuil de pauvreté, la priorité d’Arnaud Rousseau est clairement la libéralisation des normes environnementales dans l’agriculture. Lorsqu’au micro de RMC il est questionné par Apolline de Malherbe sur les négociations avec la grande distribution, il déclare : « Nous ce qui nous intéresse, encore une fois, ce n’est pas tant les relations qu’ont les entreprises de l’agro-alimentaire avec la grande distribution. Nous ce qui nous intéresse, c’est qu’il n’y ait pas d’attaques sur la matière première agricole. » En bref, la patron de la FNSEA balaie le sujet d’un revers de main, comme si les prix dérisoires imposés par la grande distribution pour préserver ses marges n’était pas une des questions centrales de la pauvreté de toute une couche d’agriculteurs.

Si le mouvement en cours n’est pas entièrement le fait des syndicats agricoles qui défendent l’agrobusiness, ce sont aujourd’hui ces dernières qui l’encadrent et s’expriment en son nom, avançant des revendications anti-écologiques, nationalistes et protectionnistes, plutôt que de s’attaquer aux questions de rémunérations, d’approvisionnement et d’endettement qui affectent véritablement les agriculteurs les plus fragiles et touchent directement aux intérêts de la bourgeoisie française dans le secteur agricole.


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