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Violences Policières

Seriba, sans-papier, tasé aux testicules et tabassé : la police a encore menti révèle Mediapart

Alors qu’il fêtait son anniversaire, Seriba a été interpellé puis violemment tabassé par des policiers. Mediapart révèle par ailleurs des vidéos qui démontrent que la Préfecture a menti pour justifier ces violences.

Martin Leroy

15 novembre 2021

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Crédits photo : AFP

C’est une affaire choquante que Mediapart a rendu publique. Seriba, jeune homme malien sans papier, a été interpellé par la police le 17 septembre dernier alors qu’il fêtait son anniversaire avec des amis. Lors de cette interpellation, il témoigne avoir été violemment mis à terre et tabassé, tandis que la police a ouvertement menti pour couvrir ses arrières.

Humilié et violenté par la police le jour de son anniversaire

Celui-ci explique s’être fait tordre le bras et avoir été tasé alors qu’il n’opposait pas de résistance. C’est dans la voiture de police que les choses dégénèrent : « Dans la voiture, ils me remettent des décharges. Cette fois-ci, ils m’ont donné des coups de Taser au niveau de mes testicules. Après, ils m’ont tasé au niveau des genoux et des cuisses puis j’ai reçu plusieurs coups de matraque ».

Dans son article, David Perrotin explique que des témoignages d’habitants du quartier ont permis de reconstituer l’interpellation qui appuie les déclarations de Seriba. Comme par exemple Samy, jeune étudiant qui valide l’utilisation du taser : « En quelques secondes, j’ai entendu un bruit bizarre que j’ai compris être celui d’un Taser. Pourtant, l’homme interpellé ne faisait rien à ce moment-là. Il n’était ni agressif ni violent envers les policiers. C’était l’inverse. »

Une fois au commissariat, il lui est demandé de se déshabiller à l’accueil. Ce dernier, refuse cet ordre humiliant. En réponse, il aurait été frappé à plusieurs reprises, avant d’être amené en cellule de dégrisement, où il fera un malaise et sera emmené à l’hôpital. Toujours d’après Mediapart, le rapport médical fait état de « Probable fracture du radius proximal gauche avec impotence fonctionnelle totale. Choc psychologique important. Traumatisme crânien sans perte de connaissance associé à une contusion de la mâchoire gauche. Lésions au niveau de l’aire cardiaque et des parties génitales compatibles avec des traces de Taser ». Les médecins lui ont prescrit 45 jours d’ITT.

A la violence de l’interpellation s’ajoute le racisme des policiers qui auraient proféré un flot d’insulte déshumanisante en direction du jeune homme : « Ils m’ont dit : “Les chiens comme toi, ils restent par terre” ,“Ferme ta gueule”, “t’es un rat”, “t’es une merde”. “Tu vas voir au commissariat, tu vas passer un très bon anniversaire” ».

L’impunité policière protégée par le mensonge

Seriba a décidé de porter plainte auprès de l’IGPN, pour « violences par personnes dépositaire de l’autorité publique ». Un second examen médical, demandé par l’IGPN, aboutira à une minimisation de ces blessures, ramenant les 45 jours d’ITT prévu à seulement 6 jours. Cet examen est dénoncé par l’avocat de la défense comme « bâclé », le médecin n’ayant pas « même pas ausculté » Seriba.

A la sortie des bureaux de l’IGPN, alors posé la terrasse d’un café, celui-ci se fera interpeller une nouvelle fois par la police, qui le fouille et le déshabille à même la rue, d’après un témoin de la scène : « Ils ont fouillé minutieusement sa sacoche et ses vêtements, mais n’ont rien trouvé. Ils l’ont ensuite déshabillé dans la rue, on aurait dit qu’ils cherchaient à lui trouver quelque chose. »

D’après Seriba, une fois dans le fourgon que l’un des policiers aurait sorti un sachet d’herbe afin de le mettre dans sa sacoche, afin de le décrédibiliser son discours et de protéger ses collègues. Seriba, ayant déjà fait de la prison par le passé, explique : « Je porte un bracelet actuellement, mais je me suis rangé justement, précise-t-il. J’ai une petite fille maintenant, je veux me tenir à carreau, mais ils me harcèlent ».

Suite à ces événements, la police n’a pas hésité à attaquer en justice Seriba pour violences volontaires. Alors que les vidéos révélées par Mediapart démontrent clairement que la version de la Préfecture évoquant des violences envers les policiers est mensongère, Seriba est convoqué le 17 février 2022 devant la justice pour usage de « manière illicite de cannabis » et « outrage.

Cet acharnement de la part de la police, montre une nouvelle fois que ceux-ci, se sachant couvert par leurs hiérarchie, se permettent les pires agressions racistes, n’hésitant pas à mentir en créant elle-même des chefs d’inculpation de toute pièce. Alors que nous nous trouvons dans une période d’offensive sécuritaire, les violences subies par Seriba n’ont rien d’anodine. Elles s’inscrivent dans des violences policières systémiques contre les habitants de quartiers populaires qu’il faut dénoncer et combattre, de même que l’impunité dont jouit la police.


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