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Crise sociale

Toulouse. Pendant que Attal exclut des élèves de l’école, 287 enfants dorment à la rue

À Toulouse, parents, personnels d'éducation et militants associatifs se mobilisent pour revendiquer des solutions de relogement pour les 287 élèves qui dorment actuellement à la rue avec leurs familles.

Oscar Renard

25 octobre 2023

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Toulouse. Pendant que Attal exclut des élèves de l'école, 287 enfants dorment à la rue

Crédits photo : Révolution Permanente

Vendredi 20 octobre, entre 8h et 9h, une trentaine de personnes étaient rassemblées à Toulouse devant l’école Dupont pour manifester jusqu’à l’école Calas, afin de dénoncer la fin de la prise en charge des hébergements d’urgence par la préfecture, qui a contraint des familles et leurs enfants à dormir dans la rue.

Un communiqué de presse inter-associatif toulousain avait déjà dressé un bilan début octobre à ce sujet : depuis avril, 760 personnes ont reçu des notifications annonçant la fin de leur prise en charge hôtelière, dont près de 500 personnes jetées à la rue sans solution alternative. À l’heure actuelle, 145 familles et 287 mineurs se trouvent ainsi contraints de dormir dans des gares, des parcs, voire dans des locaux poubelles.

Au micro de Révolution Permanente, Hélène*, la mère d’un élève de l’école Dupont à Toulouse explique que « des enfants qui dorment dans la rue sont constamment fatigués à l’école ». Selon elle, un élève montrait en permanence des signes de fatigue pendant les cours, ce qui a conduit la professeure à discuter avec sa mère. Celle-ci a avoué qu’ils dormaient à la gare dans des conditions terribles . Nathalie*, la mère d’un autre élève tire la sonnette d’alarme : « Dans l’école de mon enfant, il y a six enfants contraints de dormir dans la rue... Il est urgent d’alerter le plus grand nombre possible. »

Une situation qui s’inscrit dans la politique antisociale mise en œuvre au niveau local par Jean-Luc Moudenc en lien avec la préfecture. Fin juillet, 300 personnes, dont 130 enfants environ, avaient été mises à la rue sans proposition de relogement. Parmi elles, des enfants et des personnes qui nécessitent des soins médicaux. Au mois d’août, la métropole et la préfecture revendiquaient un « travail partenarial étroit » autour de l’expulsion de 150 mineurs étrangers isolés qui avaient été hébergés d’une ancienne maison de retraite, sans aucune solution de relogement.

Cette politique réactionnaire intervient dans le contexte d’une crise économique profonde, dans laquelle les secteurs les plus vulnérables sont exposés à une extrême-précarité, et alors même que la crise du logement combinée à l’inflation continue d’étouffer les ménages Alors que 2,5 millions de ménages sont dans l’attente d’un logement social , un chiffre qui n’a jamais été aussi élevé, un nombre record de familles se retrouvent ainsi avec des difficultés pour gérer leur budget et payer leur logement, voire sont directement menacées d’expulsions locatives. Le « Baromètre des enfants à la rue » de l’UNICEF explique que ces expulsions ont augmenté de 46% entre 2021 et 2022.

À Toulouse, pour faire face à cette situation, depuis le mois de mai, des parents d’élèves, des travailleurs de l’éducation, ainsi que des associations comme le DAL, se sont organisés pour créer un comité de solidarité, prévoyant des actions et des mobilisations. « Nous avons créé ce comité pour aider les familles dans leurs démarches, mais il est impératif de trouver des solutions en urgence, car il y a un risque que les dossiers ne soient traités qu’après l’hiver. », poursuit Nathalie.

Pour financer l’hébergement des familles, le comité a notamment créé une cagnotte, relayée dans certains établissements et sur les réseaux sociaux. Plusieurs associations ont aussi lancé des recours et une demande de suspension de la décision du préfet de Haute-Garonne et du processus de renvoi à la rue sans solution des personnes qui étaient jusqu’à présent hébergées dans des hôtels. L’intersyndicale éducation de la Haute-Garonne a également interpellé la préfecture à ce sujet : dans un courrier, elle dénonce « l’extrême-précarité dans laquelle se trouvent ces élèves et leurs familles » et exige qu’« une solution soit trouvé en urgence, afin qu’ils et elles puissent vivre dans des conditions dignes leur garantissant le droit fondamental à l’éducation ».

Alors que le gouvernement mène à travers l’école une offensive sécuritaire et raciste, allant jusqu’à exclure 183 élèves du système scolaire suite aux hommages rendus à Dominique Bernad, des enfants dorment à la rue dans un silence assourdissant.

À rebours de cette orientation, en s’appuyant sur les initiatives en cours à l’image du comité créé à Toulouse, il est urgent que les organisations syndicales, politiques et associatives fassent front pour opposer un programme d’urgence face à la précarité que vivent les élèves et leurs familles. Un programme qui, porté au niveau national, devrait inclure le gel des loyers, des augmentations de salaires et leur indexation sur l’inflation, ainsi que la réquisition de près de 3 millions de logements vides sur tout le territoire, pour que plus aucun enfant n’ait à dormir la rue !


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