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Elections régionales

Premier tour. Le FN monte et c’est Hollande le principal responsable

Jean-Patrick Clech Stupeur et effroi pour un résultat qui était couru d’avance. Le Front National, qui avait le vent en poupe dans toutes les enquêtes d’opinion, confirme son score. Si la moitié des électeurs s’est déplacé aux urnes, dimanche, un tiers d’entre eux l’a fait pour y déposer un bulletin Le Pen. A gauche comme à droite, les politiciens de gouvernement font triste mine. Mais c’est le résultat de la politique qu’ils ont menée depuis trente-cinq ans qu’ils récoltent.

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On était habitué, avec une certaine constance dans l’alternance, à l’expression « vague bleue » ou « vague rose » au soir des scrutins hexagonaux. Cette fois-ci, c’est une vague bleu-marine qui a submergé l’échiquier électoral. Le FN, en effet, n’a pas fait mentir les sondages. Si l’enracinement et la pénétration du FN dans l’électorat populaire et ouvrier serait à étudier avec précision, Le Pen n’a en revanche pas tout à fait tort, hélas, en déclarant au soir du premier tour que « le mouvement national est le premier parti de France ». Le FN arrive clairement en tête dans six des nouvelles grandes régions et se retrouve au coude-à-coude avec la droite en Normandie.

Partout ailleurs, les listes du Parti Socialiste arrivent en troisième position, à l’exception de l’Ouest où les socialistes se situent en tête de peloton pour ce qui est de la Bretagne et de la région Aquitaine-Poitou-Charentes. Mais l’échec est cuisant également pour la droite, qui présentait des listes d’unité Républicains-MoDem dans la plupart des circonscriptions. La vague bleue n’aura pas lieu et la droite ne capitalise pas la défiance de l’électorat populaire et de la jeunesse vis-à-vis du gouvernement. La famille Le Pen, en revanche, se retrouve en passe de l’emporter en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en Provence-Alpes-Côte-D’azur.

Au niveau des principales réactions politiques, elles ont toutes été extrêmement tranchées, dimanche soir. Le Bureau Politique des Républicains a d’ores et déjà pris, sous proposition de Nicolas Sarkozy, une position contraire à toute possibilité de fusion ou de retrait des listes de droite au profit des socialistes. Le secrétaire général du PS, Jean-Christophe Cambadélis, vieux briscard des manœuvres en tout genre, en service commandé de l’Elysée et de Matignon, joue son va-tout : la rue de Solférino va essayer de transformer une raclée annoncée en la « moins pire des défaites » en limitant la casse.

Le PS a donc annoncé, sans même consulter localement ses candidats parfois, qu’il retirait ses listes en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en PACA au nom du « barrage républicain », nouvelle appellation du « front » du même nom et qui a du plomb dans l’aile. Mais le sacrifice ne devrait pas être vain pour Cambadélis. En théâtralisant ce retrait et en faisant peser sur la droite la responsabilité de refuser tout « désistement, accord technique ou rapprochement », le PS peut justifier son maintien dans toutes ces régions où il arrive en troisième position mais où il espère compter sur une remobilisation de l’électorat de gauche le 13 décembre ainsi que d’un report de voix au niveau de ses « réserves », l’ensemble des composantes du Front de gauche et d’EELV ayant annoncé leur ralliement ou soutien, lorsque la barre des 5% était franchi, aux listes de la gauche gouvernementale. L’affaire prend une tournure plus compliquée pour la droite qui présentait des listes unifiées dès le premier tour et qui ne dispose que de peu de réserves.

Mais indépendamment de ce calcul politico-électoral, ce sont bien les socialistes qui sont comptables de ce « 21 avril » régional. Le FN fait son meilleur score de tous les temps, dit-on, et double voire triple, localement, ses résultats de 2010. Mais ce sont les socialistes (et accessoirement la droite, lorsqu’elle était au pouvoir) qui ont créé le monstre, de par leur politique austéritaire et anti-populaire, couplée, ces derniers temps, à un tournant ultraréactionnaire qui s’est renforcé après les tueries du 13 novembre. C’est désormais dans le programme du FN que vient piocher Hollande pour avancer ses propositions de « lutte anti-terroriste » qui ne protège aucunement contre le terrorisme mais a le mérite, à ses yeux, de renforcer le flicage généralisé de la population et de diviser notre classe.

Partout la « gauche de la gauche » montre sa subalternité totale vis-à-vis de cette gauche de gouvernement dont elle était solidaire, jusqu’à hier, à la tête des exécutifs régionaux et à qui elle a donné des gages de bonne conduite en votant l’état d’urgence, sa prolongation et en hurlant avec les loups lorsque les manifestants du 29 novembre ont été interpelés et gardés-à-vue. Pierre Laurent comme les autres ténors du Front de Gauche appellent, sans ciller, à voter pour le PS partout où cela est possible, voire pour Christian Estrosi, le maire raciste de Nice, ou Xavier Bertrand, le « monsieur ‘Travail’ » de Chirac et Sarkozy, dans le Nord.

Nous avons appelé à voter, au premier tour et par-delà nos divergences politiques, pour les seules listes incarnant une indépendance politique du monde du travail, à savoir les listes de Lutte Ouvrière. Face au renforcement ultérieur du délitement du cadre politico-institutionnel, face à une droite qui est à la remorque de l’extrême droite et une gauche de gouvernement qui applique de façon combinée le programme du Medef et celui du FN, ce n’est pas aux travailleurs et aux travailleuses ni aux jeunes conscient-e-s de décider qui, de la droite ou de la gauche, il s’agit de porter au pouvoir dans les hôtels de région le 13 décembre pour prendre davantage de coups. C’est la défense de notre classe qu’il s’agit d’organiser, en construisant une alternative politique radicalement anti-système, anticapitaliste et internationaliste. Le second tour des régionales ne permet pas de porter ce programme, si ce n’est en s’abstenant ou en votant en blanc.


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