Pour l’Exécutif, les dernières amendements autour du « renforcement du contrôle des branches » n’ont visiblement pas suffi à rallier les « frondeurs », bien que Mailly s’y soit montré très sensible. Ainsi, il semble peu vraisemblable qu’un accord soit en vue à l’Assemblée. Plus d’un millier d’amendements ont déjà été déposés, tandis que 500 ont pour objet de modifier l’indéboulonnable article 2. Ce mardi, l’Exécutif tentera de se fixer très vite. Lors de sa réunion du mardi matin, le groupe PS organisera un vote interne sur le texte, manière de lier ses membres et d’éviter toute cacophonie au sein de l’hémicycle. Si les frondeurs sont toujours aussi nombreux, Manuel Valls devrait vite trancher et utiliser l’article 49.3, l’une des armes les plus anti-démocratiques de la Vème République.

Du côté des directions syndicales, pour la première fois depuis le début de la mobilisation, Mailly ne battra pas le pavé parisien ce mardi. Le secrétaire général de FO avait même indiqué ne pas « souhaiter » de manifestation parisienne car « ça devient compliqué » en raison des « violences ». « Poussé sur sa gauche » par Martinez, qui a maintenu son appel à manifester, Mailly a finalement affirmé ne pas se désolidariser de la manifestation mais avoir « un débat prévu à Strasbourg ». Il affirme ainsi que « FO appelle bien à manifester demain » mardi. Les incohérences dans le discours de Mailly, très lié aux « frondeurs », renforcent l’hypothèse qu’un accord à l’Assemblée serait loin d’être garanti.

Côté CGT, on remarque aussi un changement de ton : il ne s’agit désormais plus de multiplier les actions pendant tout l’été et de perturber le tour de France, comme avait affirmé Martinez au quotidien La Provence le samedi 25 juin mais de faire pression sur les parlementaires : « Nous attendons des parlementaires ce que nous attendions du gouvernement. Va-t-on enfin prendre en compte ce que souhaite majoritairement l’opinion publique ? » explique-t-il. La question reste de savoir que veut dire précisément dire « prendre en compte ce que souhaite majoritairement l’opinion publique » car une bataille d’amendements rentrerait en contradiction avec la revendication portée depuis quatre mois par des centaines de milliers de travailleurs et de jeunes, avec le soutien de la majorité de la population.

Ainsi, manifester ce mardi ce 5 juillet doit être l’occasion pour la jeunesse et les salariés, de réaffirmer tous ensemble leur détermination à aller jusqu’au bout, quitte à reprendre à la rentrée si nécessaire. Mais aussi notre droit de manifester contre l’offensive liberticide et autoritaire du gouvernement et ses cages policières. C’est pourquoi l’appel à manifester « hors-cage », de la part de certains secteurs de « Nuit debout » et du « cortège de tête » ne peut pas être une alternative. Manifester ce 5 juillet sera enfin l’occasion d’affirmer haut et fort à Martinez, puisque Mailly ne sera pas présent, que notre revendication a toujours été et reste le retrait total de la loi Travail qui n’est ni amendable ni négociable. Qu’elle passe avec ou sans 49.3, son application reste à mettre en œuvre ; manifester ce 5 juillet c’est aussi la meilleure façon de préparer les batailles de la rentrée !