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Accord tripartite à venir ?

Tous les voyants semblent au vert pour les attributions des Jeux Olympiques de 2024 et de 2028. Paris et Los Angeles sont en effet, avec le CIO (Comité international olympique), en pleine négociation tripartite, une première dans l’histoire des olympiades, pour trancher la question. Ce mardi, le comité olympique a adopté à l’unanimité cette proposition de double attribution. Si aucune solution n’est trouvée, ce sera alors à la session de Lima, le 13 septembre prochain, de trancher. Mais au vue des velléités parisiennes, plus intéressées par l’édition 2024, et de celles de Los Angeles, portées sur 2028, peu de doutes subsistent quant à l’issue de la discussion.

Reste désormais à régler un ensemble de détails, des plus minutieux (mise en place d’un partenariat pour les organisations des deux événements ?) au plus symbolique. Anne Hidalgo a déclaré, dans les colones du journal L’Equipe : « LA et Paris allons proposer des éléments qui relèvent d’un partenariat, une sorte de jumelage. Paris n’a droit qu’à un jumelage exclusif avec Rome du fait du traité de Rome mais là, du fait du traité olympique, que Paris et Los Angeles aient un jumelage exclusif, ça me plairait beaucoup ». « Eric Garcetti [Maire de Los Angeles, NDLR] est très engagé sur les questions liées aux réfugiés comme beaucoup de maires démocrates. Il a fait de sa ville une ville sanctuaire pour protéger les réfugiés, les immigrés » a poursuivi la maire de Paris. Une déclaration qui en dit long sur les relations très politiques du futur partenariat, ouvertement anti-Trump, que cherche à nouer Anne Hidalgo. Une déclaration on ne peut plus hypocrite par ailleurs, puisque les réfugiés de la Chapelle sont victimes de rafles à répétition et que l’État français a, à maintes reprises, prouvé son efficacité dans la répression des migrants, en Méditerranée comme à Calais.

Les JO, un gouffre financier ? Pas pour tout le monde !

« L’important, c’est de participer ». A la célèbre maxime de Pierre de Coubertin, nous serions tenté d’ajouter « … mais pour participer, il faut allonger les billets ! ». En effet, l’organisation d’événements sportifs aussi importants sont aussi des gouffres financiers pour les pays et villes hôtes. Le Brésil, par exemple, a vu la facture grimpé à 4,06 milliards d’euros lors de l’organisation des Jeux de 2016, et ce sans compter les frais liés à la tenue de l’événement (transports, hébergements etc.). Une tendance à l’explosion des compteurs (et des prévisions) qui se vérifie pour l’ensemble des JO organisés pour lesquels des données chiffrées sont disponibles.

Le budget (initial) ressemble bien plus à un minimum fictif qui est constamment dépassé. Par ailleurs, encore plus que dans d’autres projets de grande envergure, chaque budget est établi avec l’obligation légale, pour la ville hôte et le gouvernement, de garantir qu’ils couvriront les dépenses supplémentaires. (Nos) données suggèrent que cette garantie équivaut à un chèque en blanc, avec la certitude que ce coût sera plus élevé que ce qui a été enregistré

Etude : The Oxford Olympics Study 2016:Cost and Cost Overrun at the Games © Bent Flyvbjerg, Alexander Budzier and Allison Stewart, July 2016

Bien entendu, de telle opération, générant plusieurs milliards, ne peuvent que profiter à quelques privilégiés. Comme pour les stades de l’Euro 2016, Vinci devrait être en tête pour la construction des infrastructures sportives, sans compter les facturations fructueuses sur les aménagements autoroutiers. Au final, ce seront quelques entreprises monopolistes qui devraient garnir leurs caisses, puisant directement dans des caisses publiques saignées à blanc pour l’occasion. Le sacro-saint argument de « l’occasion » pour des rénovations profitant à tous apparaît clairement comme une mascarade, puisque les lignes de transports et autres commodités seront bien évidemment pensées pour la bonne tenue de l’événement, et ce ne sont qu’une infime partie des aménagements qui seront par la suite réutilisables. Un business lucratif, extrêmement bancable sur le court/moyen terme, et qui ne sert que l’intérêt d’une poignée, en somme.