Une fois de plus, un enfant a été assassiné par l’appareil policier de l’État brésilien. Cette fois, c’est le jeune Waldik Gabriel Chagas, tout juste 12 ans, qui est mort abattu par la police municipale de São Paulo, dans la zone de Cidade Tiradentes à l’est de la ville. Les policiers ont tiré sur la voiture où se trouvait Waldik, lui assignant une balle dans la tête. La version des tueurs est que deux motards auraient déclaré à la police avoir été agressés par les passagers de ladite voiture, ces mystérieux motards ayant « disparu » par la suite. L’avocat Ariel de Castro, membre du Condepe [NDLR : association de défense des droits de l’homme de l’État de São Paulo] affirme qu’il n’y a aucun indice prouvant qu’il y aurait eu des tirs donnés de l’intérieur de la voiture contre les policiers. Aucune arme n’a d’ailleurs été retrouvée.

Il n’y a pas un mois, la police militaire assassinait Ítalo, un enfant de 10 ans, au motif qu’elle se défendait d’un criminel. Les cas de Waldik et Ítalo sont une nouvelle démonstration tragique du rôle de la police dans notre société, qu’elle soit militarisée comme la police qui a tué Ítalo, ou civile comme la police municipale qui a tué Waldik. Société basée sur la misère et l’inégalité, dans laquelle l’État maintient un appareil répressif assassin qui tue tous les jours dans les banlieues, en particulier la jeunesse de couleur noire, cible principale de ces violences policières.

Les principaux responsables politiques de ces assassinats, qui ont lieu quotidiennement à São Paulo, sont Fernando Haddad [préfet de São Paulo, affilié au PT] et Geraldo Alckmin [gouverneur de São Paulo, social-démocrate]. C’en est assez d’assassiner la jeunesse noire ! Assez de la violence policière ! Finissons-en avec cette usine à assassiner, ces meurtres doivent être jugés et punis par des tribunaux populaires. La jeunesse a besoin d’éducation, de loisir, d’accès aux soins, à la santé, à des conditions de vie dignes et non d’un flicage permanent !

Malheureusement, Waldik et Ítalo sont loin d’être les seules victimes de la police brésilienne. En décembre dernier déjà, la police avait ouvert le feu et mitraillé une voiture de cinq jeunes, noirs, qui sortaient un samedi soir. La voiture avait été touchée par 111 tirs de la part des autorités, bien que les jeunes tout au long de la course levaient les bras en l’air en criant qu’ils étaient de simples habitants du quartier. Elles auraient ensuite laissé les jeunes, encore vivants, agoniser dans le véhicule en ne laissant personne s’en approcher, et altérant la scène du crime.

Le Brésil se place ainsi comme l’un des États les plus meurtriers du monde : en 10 ans, plus de 5000 personnes ont été tuées dans la seule ville de Rio. La moitié des violences policières concernent des jeunes de 15 à 19 ans et à 77% des noirs, le plus souvent originaires des banlieues ou des quartiers pauvres comme dans le cas des cinq jeunes de la tuerie de la Costa Barros. Le père de l’un d’entre eux avait affirmé que « les pauvres et les noirs ont perdu le droit d’aller et venir ». Ces violences policières, fortement banalisées, sont le reflet de la politique de criminalisation systématique de la pauvreté et des personnes noires, de la tentative d’épuration des villes et de contrôle des banlieues et des espaces marginalisés, mais aussi d’un racisme d’État très enraciné et hérité de la colonisation. Partout, la main de l’État réprime. Et la justice acquitte.