Quoi de mieux que de flatter les fonctionnaires de l’Etat avec le grand déballage des chiffres. C’est bien l’objet des dernières déclarations grandiloquentes de la ministre de la Fonction Publique, Marylise Lebranchu à l’égard des fonctionnaires. Rien de mieux pour leur faire oublier le gel du point d’indice décidé sous Sarkozy mais qui n’a pas été remis en cause par le gouvernement Hollande ? En effet, avec des salaires qui, en début de carrière, y compris pour les catégories A, qui tendent à se rapprocher du SMIC, le gouvernement craint l’expression d’une grogne partant de sa base électorale. Les mobilisations sur l’AP-HP, qui portent essentiellement sur les conditions de travail, en sont les signes avant-coureurs. Apaiser en donnant quelques miettes de salaire, pour faire passer la pilule de l’accélération des rythmes et de la dégradation des conditions de travail.

Une fois de plus, la déclaration de la création de 8 300 postes de fonctionnaires est un effet d’annonce, qui ne compense en rien les suppressions de postes qui ont eu lieu depuis le début du quinquennat. La politique mise en place sous Sarkozy et visant à supprimer le poste d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, soit 150 000 postes en cinq ans, n’a en aucun cas été remis en cause sous Hollande. Rien qu’en 2014, ce sont 2500 postes qui ont été supprimés et près de 7 000 en 2013. Le bénéfice net pour 2015 tient au seul ministère de la Défense, qui bénéficiera de 2300 créations nettes de postes du fait du déploiement du renforcement des plans vigipirates sur l’ensemble du territoire. Dans la balance des annonces, on compte également les 60 000 postes pour l’Education Nationale à l’horizon 2017 qui avaient été promis durant la campagne de 2012 : là aussi, enfumage sur les chiffres puisque sur les 60 000 postes crées par la loi Peillon, 30 000 sont destinés à des professeurs stagiaires. Il est bien joli de faire de se complimenter quant à 8 000 créations de postes quand ce sont plusieurs dizaines de milliers qui ont été détruits chaque année depuis Sarkozy. Rien de plus clair que ce déclare Bercy, le ministère des Finances en la matière. Répondant aux critiques de la droite, il assure que « la masse salariale restera contenue grâce à la forte réduction des mesures catégorielles ».

Le tour de passe-passe budgétaire devient un art dans la manière du gouvernement à coupler l’austérité et les effets d’annonce pour ménager sa base électorale. Faire passer une politique pro-patronale à coup de dialogue social et de concessions mineures et ciblées, voici la recette d’un gouvernement qui, pourtant élu sur une vive hostilité à la politique de Sarkozy, est en dernier ressort, son meilleur allié.