Lundi 13 février, vers 23h, le président Trump a demandé son principal conseiller à la sécurité nationale de démissionner. Une enquête publiée hier par le journal américain The Washington Post a en effet révélé que Mike Flynn aurait divulgué des informations confidentielles à l’ambassadeur russe, notamment concernant les sanctions à l’encontre de la Russie, avant même de prendre ses fonctions et menti au vice-président Mike Pence sur la nature de ses appels et de ses SMS avec le diplomate.

Les principaux porte-paroles de l’administration ont offert des explications divergentes sur l’affaire aux médias. Kellyann Conway avait déclaré quelques heures avant la publication de l’article accusateur que Flynn continuait à bénéficier du « plein et total soutien du président ». Cependant, Sean Spicer avait une version tout à fait différente des faits quelques minutes plus tard seulement. Selon lui, « la confiance entre le président et Flynn s’était érodée ces derniers temps. » Quoi qu’il en soit, tout laisse entendre que le limogeage de Flynn était une décision prise dans l’urgence dans l’espoir d’éviter une crise gouvernementale.

Si la nouvelle administration tente de gérer la situation tant bien que mal, elle ne réussit pas pour l’instant son pari. En effet, dès mardi matin, des parlementaires au sein du camp du président lui-même ont commencé à appeler pour l’ouverture d’une enquête sur les rapports entre Trump, son gouvernement et la Russie. Le chef de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, a déclaré son adhésion à l’idée quelques heures plus tard.

Ce n’est pas la première fois que les relations entretenues par Trump et son entourage avec la Russie font l’objet de critiques sévères. Au lendemain de l’élection, bon nombre de députés et de sénateurs des deux camps appelaient à l’ouverture d’une enquête sur des fraudes éventuelles commises par des hackers russes qui auraient fait pencher la balance en faveur de Trump. L’enquête a été rapidement enterrée par la nouvelle majorité républicaine, préférant de se ranger derrière le président.

Si le Parti républicain a intérêt aujourd’hui à apparaître comme le défenseur de la sécurité nationale en appelant à une enquête, il va chercher surtout à renfermer les brèches ouvertes par ces révélations, faute de quoi il se retrouverait en difficulté pour mettre en place son programme législatif au Congrès comme il l’entend.

Mais cette première crise de la nouvelle administration n’augure rien de bon pour Trump. La démission d’un conseiller d’un tel niveau de responsabilité est tout sauf ordinaire, surtout trois semaines après l’arrivée au pouvoir. Elle vient délégitimer encore un peu plus un président dont le taux de popularité est déjà en chute libre et qui se voit contesté par des mobilisations de rue importantes.