Lundi matin, 10 heures, les enseignants du lycée Guy de Maupassant de Colombes sont réunis en assemblée générale. Ils votent alors majoritairement la décision d’arrêter le travail afin de soutenir leur collègue Yannick Lesne, retenu au commissariat pour sa participation à la manifestation place de la République.

La veille au soir, c’est l’ensemble du personnel enseignant du collège Henri Barbusse de Saint-Denis qui décide d’entrer en grève reconductible tant qu’un des leurs est encore retenu. La colère attisée par les provocations d’un des agents du commissariat où il est gardé, qui aurait trouvé bon de préciser que leur collègue n’est « pas prêt de sortir  » au vu des choses « très graves » qu’il aurait commises, ajoutant que « les victimes du Bataclan n’étaient pas les bonnes  » et que « d’autres auraient dû mourir à leur place ».

La réactivité de ces équipes a été précédée ou suivie de celle d’organisations syndicales locales (FSU 93, SNES-FSU Créteil et Versailles) et nationales (Sud éducation et Solidaires), qui ont chacune produit un communiqué dénonçant la réaction disproportionnée du gouvernement sous couvert d’état d’urgence.

Il est ainsi éclairant de voir que si la « sécurité » justifie l’interdiction des manifestations remettant en cause la politique du gouvernement, il n’en va pas de même pour les différents évènements sportifs ou les marchés de Noël maintenus le week-end dernier, alors qu’ils constituaient tout autant des cibles potentielles d’attentats.

Des perquisitions abusives aux assignations à résidence, en passant par les coups de matraque gratuits et les gaz lacrymogènes lancés sans discernement, l’état d’urgence est la porte ouverte aux dérives violentes et liberticides. Quand il ne cautionne pas l’arbitraire le plus grand et les méthodes dignes d’une dictature qui ne dit pas son nom.