Pour Aliza Bin-Noun, ambassadrice d’Israël en France, « c’est discriminatoire et anti-juif ». Le représentant de Tel-Aviv a comparé sur France Info cette mesure d’étiquetage à la seconde guerre mondiale tandis que Benjamin Netanyahu, premier ministre israélien, a déclaré que cette décision « pourrait avoir des répercussions sur les relations entre Israël et l’Union européenne ». Côté Philippe Val, l’ancien rédacteur en chef de Charlie Hebdo, à l’antenne de France Culture hier, il ne s’agit ni plus ni moins d’antisémitisme, car on n’étiquetterait pas des produits en provenance « d’Iran, de Russie ou du Soudan ».

Cette levée de boucliers contraste avec les déclarations des personnalités pro-palestiniennes. Pour Mahmoud Nawajaa, coordinateur général du Comité national palestinien de BDS, dont des militants ont été condamné en France la semaine passé, « les gouvernements européens réagissent à l’opinion publique, aux campagnes de la société civile comme à l’intransigeance israélienne, et deviennent plus enclins à engager certaines actions élémentaires contre les violations par Israël du droit international ». Et de préciser dans la foulée que « mettre en place quelques étiquettes sur un petit nombre de produits israéliens n’est pas une réponse à la mesure des crimes de guerre israéliens continus ».

Est-ce par la politique des petits pas, par l’intégration progressive de l’Autorité Nationale Palestinienne au « concert des nations », avec l’acceptation du drapeau de l’ANP sur l’esplanade de l’ONU à New York , son statut de membre de la Cour Pénale Internationale ou maintenant cette décision de la Commission que l’on va faire avancer la cause de la Palestine contre le sionisme ?

L’ambassadeur israélien a évalué les produits visés à « 2 % à 3 % » des exportations israéliennes vers l’UE, soit une valeur à 200 millions de dollars (187 millions d’euros) chaque année. Netanyahu craint que la mesure européenne ne « soutienne et encourage » le mouvement international BDS. Une histoire de gros sous donc, et qui ne remet en aucun cas en cause la politique du gouvernement israélien vis-à-vis du peuple palestinien. Alors que la tension dans la région est à son paroxysme, et que les prémices d’une troisième intifada se font ressentir au sein de la jeunesse, le peuple palestinien est le grand oublié de cette affaire.