Alors que le jour n’était pas encore levé, des CRS s’étaient déployés autour du bidonville. Des dizaines de personnes, leurs maigres possessions sous le bras, étaient forcées à monter dans des bus qui devaient les conduire vers des centres d’hébergement. « On est européens, pourquoi on n’a pas de droits ? » demande l’un d’eux.

Pour forcer les récalcitrants, la préfecture d’Ile-de-France assure que quelque 200 places en hôtel ont été réquisitionnées pour le relogement des habitants du bidonville. Un hébergement leur est promis, pour une durée de 15 jours… et après ? La rue à la recherche d’un nouveau campement.

Préparant la sentence qui s’avérait imminente, la moitié des rroms avait déjà quitté les lieux en début de semaine. « Une grande partie des habitants du bidonville sont partis pour mettre à l’abri leurs biens et reconstituer un nouveau campement. » considère Manon Fillonneau, du collectif RomEurope. En effet, pour éviter les saccages et la destruction de leurs biens, les rroms préfèrent prendre les devants.

Ces rafles sont le quotidien des rroms, persécutés et violentés par les forces de police, dans la droite ligne des politiques racistes et xénophobes du gouvernement. Plus de 11 000 Roms ont été évacués de force de leurs campements en France en 2015. L’année 2015 a notamment été marquée par l’expulsion, en août, du bidonville du Samaritain (à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis), l’un des plus anciens de France, où vivaient quelque 300 personnes.

Pour faire face à cette nouvelle expulsion, des rroms du bidonville parisien, soutenus par plusieurs personnalités et associations, ont manifesté devant la Mairie du XVIIIe arrondissement de Paris contre le projet d’expulsion, dénonçant y compris les conditions de vie indignes.

Déjà criminalisés, déjà condamnés à vivre dans des conditions d’hygiène précaires et avec des moyens de chauffage rudimentaires, ils sont expulsés de camp en camp. Pour le gouvernement, l’état d’urgence sert aussi à passer le « Kärcher » dans Paris intramuros.