Ce lundi, plusieurs centaines de personnes ont défilé à Aulnay-Sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, pour réclamer justice pour Théo. Le jeune homme de 22 ans est toujours hospitalisé, a été opéré et présente une section du sphincter anal et une lésion du canal anal de dix centimètres de profondeur suite à l’agression sexuelle dont il a été victime lors d’un contrôle de police. Son témoignage est glaçant : « J’étais de trois quarts, je voyais ce qu’il faisait derrière moi. Je l’ai vu avec sa matraque : il me l’a enfoncée dans les fesses, volontairement. Je suis tombé sur le ventre, j’avais plus de force, on dirait que mon corps m’avait laissé[...]ils m’ont mis les menottes et m’ont dit : Assieds-toi maintenant.Je leur ai dit : Je peux pas m’asseoir, je sens plus mes fesses”.[...]Dans la voiture, ils m’ont mis plein de coups, des patates, m’ont matraqué les parties intimes, m’ont craché dessus, traité de négro, bamboula, salope[...] Arrivé au commissariat, un policier m’a dit : Assieds-toi. Je lui ai dit : Monsieur, je n’arrive pas à m’asseoir. Il m’a dit : Allonge-toi, on va quand même t’attacher au banc parce que c’est la procédure.” » C’est alors que, constatant que Théo saignait abondamment, le policier aurait déclaré « il faut l’amener se faire opérer, c’est grave. ».

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Pour faire face à ces accusations, les 4 policiers incriminés affirment qu’il ne s’agit ni plus ni moins d’un ... accident ! En effet, le jogging de Théo aurait ainsi, selon la Police, glissé, et la matraque télescopique aurait alors pénétré son anus malencontreusement. Une version des faits ubuesques qui pourrait être risible si la gravité des faits, et les violences policières quasi quotidienne dans les quartiers populaires, ne venait pas rappelé l’impunité totale des forces de répression dans les quartiers dit sensible. Une police qui parfois tue, comme dans le cas d’Adama Traoré, ou viole, comme ici avec l’affaire Théo.

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Mais il fallait bien s’attendre à ce que les voix les plus réactionnaires s’élèvent. A ce titre, le syndicat Alliance était attendu. Fidèle à sa réputation, l’organisation a rappelé ô combien il était difficile de travailler dans les quartiers populaires, et a apporté un soutien total aux 4 policiers incriminés, innocents jusqu’à preuve du contraire. Une maxime qui s’applique pour les forces de répression, mais pas pour les frères Traoré ou les manifestants de la loi travail, qui, eux, ont droit aux affres des geôles dès que possible. Surtout, le syndicat Alliance s’appuie sur la requalification des accusations faites par le procureur. Placés en garde à vue pour viol, 3 des policiers seront poursuivi pour ... violences en réunions. Le 4ème, quant à lui, est bel et bien poursuivi pour viol. Une position pour le moins surprenante, pour l’heure sans explication, mais qui n’annonce rien de bon car, quand il s’agit de faits de violence policière, la justice sait être clémente. Même Bruno Beschizza, maire Les Républicains d’Aulnay-sous-bois, qui ne peut donc pas être soupçonné d’être un affreux gauchiste bolchévique, a dénoncé un "détournement de vérité". C’est dire ...

Alors que Théo reste, selon ses proches, dans un état critique, Aulnay-Sous-ois vit, encore plus qu’à l’accoutumée, sous militarisation de l’espace public. En effet, les forces de répression ont été déployées en masse, prêtes à sortir flash ball, matraque et autres lacrymogènes au moindre geste « suspect ». Une situation inique ou les victimes de violences policières voient leur quartier quadrillé parce que 4 policier ont violé un jeune. Quoiqu’il en soit, le combat ne fait que commencer pour réclamer justice pour Théo, Adama et l’ensemble des victimes de bavures policières, que cela soit pour des violences amenant à des infirmités, la mort, le viol ou tout autre répression. Ces cas tragiques en attestent, il est grand temps de réclamer le désarmement de la police, prompt à dégainer et humilier les classes populaires dans leur ensemble.