Après plus de quarante-cinq ans de violences perpétrées par son mari, Jacqueline Sauvage l’avait abattu de trois coups de fusil à leur domicile. Lors de son procès en 2014, puis en appel en 2015, ses trois filles avaient expliqué combien elles avaient été violées, battues, à l’instar de leur mère. Mais la légitime défense avait été rejetée, au motif que ces coups de fusil avaient été tirés dans le dos : légitime défense, pour le même genre d’actes, qui est revanche accordée sans problème aux policiers qui brutalisent ou assassinent. Il ne fait décidément pas bon dans ce pays être une femme, et chercher à survivre, se protéger et protéger ses enfants…

Ainsi une nouvelle fois la « grâce partielle » que Hollande lui avait accordée en janvier dernier se révèle purement verbale, ne changeant en rien la décision du tribunal, scénario répétant un premier rejet le 12 août dernier. Comment ne pas être en colère et révolté contre l’hypocrisie d’un gouvernement qui affirme en même temps, par la voix de L. Rossignol, que des « progrès considérables » sont à noter, que la « tolérance sociale » face aux violences faites aux femmes « diminue », alors même que sa « justice » atteste de tout le contraire ? Le gouvernement peut agiter les 125 millions d’euros censés être consacrés sur les trois ans à venir à son plan de lutte : c’est les institutions qu’il pilote qui sont au premier chef les relais et agents actifs de cette profonde domination sexiste et de genre.

Avec cette décision inique, qui continue de banaliser et de justifier les préjugés sexistes et de rendre les victimes responsables de leur sort, une nouvelle fois se rappelle à nous que cette justice au service des patrons et des flics l’est tout autant au service du patriarcat. Après la violence du mari, c’est la sienne qui s’abat une nouvelle fois sur Jacqueline Sauvage. Pour elle et toutes les femmes, soyons toutes et tous demain 25 novembre dans la rue pour condamner ce nouvel ignoble déni de justice, et le système qui rend cela possible !