Dans un rapport publié jeudi 12 mai, la Banque d’Angleterre a mis en garde contre les risques économiques auxquels le Royaume-Uni se verrait confronté au cas où le vote pour la sortie de l’Union européenne serait favorable. En cas de « Brexit », la banque nationale prévoit un ralentissement macabre de l’économie britannique, qui pourrait même tomber en récession.

Dans son avertissement le plus fort depuis l’ouverture de ce débat sur les conséquences d’une telle sortie, la Banque centrale estime que la livre sterling pourrait souffrir d’une importante dépréciation et que le chômage augmenterait considérablement.

« Un frein concret à la croissance, une augmentation importante de l’inflation. C’est une opinion qui n’est pas fondée sur un caprice (…) C’est l’opinion du Comité de politique monétaire indépendant et c’est l’opinion de tous les membres de ce comité », a soutenu Mark Carney, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, lors d’une conférence de presse.

« Bien sûr, il existe une multitude de scénarios possibles, mais une récession technique est très probable » a-t-il ajouté.

La nervosité suscitée par le référendum du 23 juin commence déjà à peser sur l’économie du pays. La banque centrale s’est déjà vue obligée de revoir ses projections de croissance à la baisse, de 2,2 % en février à 2,0 % aujourd’hui. Et cela, même si le Royaume-Uni reste finalement dans l’Union européenne.

Carney a également affirmé que l’action que la banque pourrait déployer face à ces risques est très limitée. « La politique monétaire ne saurait compenser tous les effets d’un tel choc » a-t-il poursuivi.

Selon lui, la moitié du recul de 9 % de la livre sterling dans les derniers six mois est probablement due au référendum. La monnaie pourrait « se déprécier encore plus, y compris d’une manière abrupte » après un vote en faveur du Brexit, a-t-il mis en garde.

Les sondages démontrent que les votants résistent relativement jusque-là aux avertissements concernant les coûts économiques d’une telle sortie. Alors que les intentions de vote restent partagées (presque) à égalité.

Si l’issue du référendum n’est pas sûr, ce qui l’est plus, c’est qu’un Brexit en l’état ne résoudrait en rien les problèmes des travailleurs et des classes populaires au Royaume-Uni. Le chômage augmenterait et les familles verraient leurs salaires bouffés par l’inflation. Il rendrait par ailleurs le paysage politique davantage favorable à une ultra-droite encore plus xénophobe et anti-sociale, prête à faire payer encore plus la crise capitaliste aux travailleurs et aux jeunes.