« Pas sauve-qui-peut, urgence. Urgence ! » Ce lundi, Manuel Valls a réitéré l’appel à une union large de la gauche pour faire barrage au FN lors des élections régionales, notamment dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où Marine Le Pen est donnée gagnante par les sondages. « Au moment où dans une région, un sondage en tout cas l’indique, il y a plus qu’un risque que l’extrême droite et Marine Le Pen l’emportent, il faudrait en rester à nos petites cuisines, ne pas être à la hauteur des responsabilités, ne pas se rassembler ? […] Et on sait aussi que ce risque peut aussi s’imposer dans d’autres régions ». Saluant « une nouvelle fois l’initiative de Jean-Christophe Cambadélis », précisant qu’il irait voter en « militant » lors du référendum du peuple de Gauche proposé par ce dernier, Manuel Valls relance la machine du sacro-saint vote utile face à l’extrême droite. Depuis le traumatisme de 2002 et la défaite dès le premier tour des présidentielles de Lionel Jospin, le PS axe systématiquement sa stratégie sur la nécessité du vote utile pour faire face à l’épouvantail de l’extrême droite. « Les enjeux politiciens, les querelles ne peuvent pas prendre le dessus face à la gravité de la situation » a ainsi martelé Manuel Valls.
La multiplication des déclarations des pontes socialistes et y compris des ex-écologistes d’EELV, dont Jean-Vincent Placé, relève donc d’une mécanique bien réglée. Le PS, en misant sur le vote utile et le rassemblement du peuple de gauche, détourne le débat de la politique libérale qui est la sienne depuis son arrivée au pouvoir et joue, une nouvelle fois, la carte d’une alliance électorale nécessaire face à la droite et l’extrême droite. L’objectif est aussi de couper l’herbe sous le pied d’un Jean-Luc Mélenchon qui se voit en rassembleur de la gauche « radicale », surfant sur les vagues Podemos et Syriza. Sous la pression à droite exercée par le parti frontiste, avec un gouvernement toujours en plein discrédit comme l’illustre la dernière baisse de popularité non seulement de François Hollande, mais aussi de Valls, le PS tente, une fois de plus, de ressusciter le Front Républicain, qu’il avait fait renaître de ses cendres après les attentats du 11 janvier, l’objectif étant d’éviter une cuisante défaite, déjà annoncée, lors des prochaines régionales.