Tout a commencé il y a plus de deux ans, lorsque Rachid Zouhhad prend la place de Samuel Mayol à la tête de la filière Techniques de Commercialisation de l’IUT, ce dernier prenant alors ses fonctions en tant que directeur de l’Institut Universitaire de Technologie. Cet établissement étant lui-même dépendant de l’Université Paris XIII que dirige Jean-Loup Salzmann.

Zouhhad et Mayol s’accusent respectivement de racisme et d’antisémitisme, prenant leurs étudiants à partie et sans aucune tentative de la part de Salzmann pour calmer les choses – lui-même étant impliqué dans des magouilles impliquant cours fictifs, détournement de fonds, clientélisme, corruption et népotisme. Samuel Mayol, engagé au PS, avait reçu le 26 octobre un prix « pour son action en faveur de la neutralité dans l’enseignement supérieur face à la montée d’incidents communautaristes  » des mains de Manuel Valls, dont il avait le soutien ainsi que celui de Benoît Hamon. Redoutable ironie, quand on songe que les accusations qui ont accéléré sa suspension comprennent entre autres le fait d’avoir introduit des tapis de prière dans le local d’Ouverture, une association étudiante musulmane, pour faire croire à une dérive communautariste.

Dans le même temps il est reproché entre autres à Rachid Zouhhad une mauvaise gestion de la filière TC (évincement de toutes les directrices d’études femmes, suppression de cours, embauche de ses proches, non qualifiés, en tant que vacataires…) mais aussi le fait d’encourager des menaces de mort, insultes antisémites et intimidations à l’encontre de Samuel Mayol, ce qui n’est pas prouvé. Une pétition anonyme avec pour titre « Soutenez notre collègue Rachid Zouhhad, au nom de la défense des libertés universitaires et de la présomption d’innocence » a circulé sur les réseaux sociaux et a récolté à ce jour un peu plus de 500 signatures.

Après avoir appliqué la politique de l’autruche concernant la tension croissante au sein de son université, Jean-Loup Salzmann a fini par prendre la décision de suspendre Samuel Mayol à « titre conservatoire » pour une durée de quatre mois renouvelables, en attendant de connaître le verdict de la section disciplinaire de l’université. Le président de Paris XIII déclare qu’il a signé l’arrêté en vertu duquel Mayol est suspendu « pour répondre à la situation préoccupante des personnels de l’IUT » et pallier «  un climat conflictuel et de suspicion généralisée », climat auquel ses magouilles personnelles ont pourtant fortement contribué, ce qui explique peut-être son long silence avant ces derniers jours. De plus, cette sanction individualisée permet avant tout de ne pas remettre en cause le fonctionnement institutionnel de l’Université, pourtant porteur en son sein des mécanismes permettant ces situations de guerre de pouvoir et d’influence. Une manière d’éteindre l’incendie… et de détourner le regard du pyromane pour accuser le feu.