Toutes catégories confondues, le nombre total de demandeurs d’emplois, en France métropolitaine, était de 6116300 à la fin du mois d’Août. Il convient de préciser que ces chiffres sont donc ceux recensés par Pôle Emploi de manière mensuelle, donc des personnes inscrites à l’agence. Un autre organisme, le Bureau International du Travail (BIT), dont l’Insee utilise les chiffres, livre également des chiffres sur le taux de chômage de manière trimestrielle. Sans entrer dans les détails, il faut savoir qu’aucune de ces deux méthodes de calcul ne prend en compte la totalité du nombre de chômeurs, comme le précise d’ailleurs le site du gouvernement lui-même : « certains demandeurs d’emploi ne sont pas chômeurs au sens du BIT, et inversement certains chômeurs au sens du BIT ne sont pas inscrits à Pôle emploi. » Les chiffres divulgués d’un côté ou de l’autre sont donc à considérer comme inférieurs à la réalité, au vue des milliers de personne non-inscrites à Pôle Emploi et pourtant sans emploi.

Une nouvelle ministre du travail, Myriam El Khomri, particulièrement peu convaincante


Le gouvernement s’était largement félicité de la très maigre baisse de juillet du nombre de demandeurs d’emploi (- 1900 demandes par rapport au mois précédent), et voilà une hausse plus de dix fois supérieure à cette baisse un mois plus tard ! La nouvelle ministre du travail, Myriam El Khomri, s’est empressée de commenter pour sa première sortie médiatique ces nouveaux chiffrescatastrophiques, en appelant évidemment à les relativiser : « Les résultats au mois le mois doivent être analysés avec prudence ; seule la tendance compte : la hausse d’août intervient après une baisse en juillet et une stabilisation en juin. » Sans préciser, bien évidemment, qu’elle est en train de comparer une baisse de 1900 chômeurs sur un mois à une augmentation de 20000 le mois suivant… Continuant dans la tradition des déclarations d’après-sortie-de-nouveaux-chiffres, elle a également souhaité mettre en avant la diminution du nombre de jeunes chômeurs, pour le troisième mois consécutif. « Omettant » là aussi de préciser qu’une telle diminution est conjoncturelle, et qu’elle avait également eu lieu au printemps 2014, avant de connaître une nouvelle hausse, bien supérieure elle aussi. En clair, rien de nouveau dans ce genre de sortie médiatique chez nos gouvernants : on se félicite encore et toujours des rares (et très faibles) baisses des chiffres, et on relativise plus ou moins habilement les hausses, par des comparatifs de chiffres plus ou moins pertinents.

Et si on sortait de l’analyse à court terme ?


En élargissant la focale au niveau annuel, on observe que les chômeurs de catégorie A ont augmenté de 4,4% en un an, ou encore que celui de très longue durée (supérieur à 3 ans) a lui augmenté de 18,6% ! De 2003 à aujourd’hui, et selon les chiffres de l’Insee cette fois, entre augmentations et diminutions conjoncturelles, le taux de chômage est finalement passé de 8,5% de la population active à près de 10,5%. Enfin, en élargissant la focale aux 3 derniers mandats présidentiels, on observe un tournant en 2008 sous le mandat de Sarkozy, avec l’arrêt d’une diminution conjoncturelle et le début marqué de l’augmentation générale du taux de chômage, que l’on observe depuis, et qui continue sous le mandat de Hollande.

Alors que le gouvernement enchaîne les promesses de mesures visant à « relancer l’activité économique » (Valls n’a que les mots de « compétitivité » et de « croissance » à la bouche), ce sont des politiques austéritaires qui sont imposées aux travailleurs, conformément aux ambitions et intérêts martelés par le patronat (en France comme en Europe). Les multiples et récentes attaques sur le code du travail, dont le ministre de l’économie Emmanuel Macron en est la figure de proue avec sa loi et ses dernières déclarations au sujet des fonctionnaires, en en sont des exemples parmi d’autres.

Pour en finir avec le chômage de masse, il n’y a pourtant pas 36 solutions : partage du travail, baisse du temps de travail et maintien des salaires ! Comme le rappelle le slogan des hospitaliers : « A l’hôpital il y a trop de travail, à l’extérieur il y a trop de chômeurs : embauchez des chômeurs ! ».