« Incompréhensible ». C’est avec cet adjectif que Manuel Valls a qualifié la poursuite de la mobilisation à la SNCF. « À la SNCF et dans le transport ferroviaire, les partenaires sociaux ont sur la table un projet qui garantit un haut niveau de protection » a ainsi déclaré le premier ministre. Dans cette entreprise, le gouvernement peut compter non seulement sur Guillaume Pepy, qui « appelle les cheminots à suspendre la grève », mais aussi sur l’appui de la CFDT- Cheminot. Selon Didier Aubert, il y a « un projet d’accord sur l’organisation du travail [à la SNCF] encore plus favorable que celui existant et un projet de convention collective de bon niveau », fustigeant au passage la CGT et Sud Rail, soit « ceux qui font grève aujourd’hui » comme n’ayant « plus de raison, sauf politique ».

Mais il fait peu dire qu’il n’y a pas que la Seine qui déborde : l’imagination du gouvernement en matière de répression du mouvement social aussi ! En effet, Valls n’a pas hésité longtemps avant d’instrumentaliser cet état de fait pour mettre la pression sur les travailleurs en grève, et en premier lieu les conducteurs. Sur fond de discours à fort relent d’appel à la responsabilité en ces temps (météorologiques) difficiles, le gouvernement exige le retour à la normale sur les lignes ferroviaires. La stratégie est double, donner quelques miettes aux cheminots pour couper de la mobilisation contre la loi Travail l’un des secteurs stratégiques, tout en accentuant la pression sur les travailleurs, en tentant notamment de ressusciter les tensions entre usagers et cheminots alors que le mouvement bénéficie toujours du soutien d’une majorité de la population.

Alors que le Sénat vient de s’attaquer frontalement au 35 heures, le gouvernement tente donc d’imposer une trêve à sens unique. Bien entendu, Valls peut compter sur les soutiens du patronat et du directeur de la SNCF à ce sujet. Une vaste guerre de communication a été lancée par le gouvernement qui tente de noyer le mouvement social à quelques jours de l’ouverture de l’Euro de Football et moins d’un an avant les présidentielles. Une stratégie qui semble pour l’heure peu payante, puisque la mobilisation s’enracine toujours plus à la SNCF ... Jusqu’à faire couler le gouvernement ?