Avant la mort du petit Aylan, la générosité allemande se limitait à faire pleurer une jeune réfugiée affirmant que son destin était de retourner au Liban : « la politique peut être dure. mais certains devront repartir ». Et voilà, aujourd’hui, à peine deux mois plus tard, « Maman Merkel » ovationnée par la presse et prenant des selfies avec les réfugiés. Du côté français, les choses ne sont pas bien différentes : François Hollande a largement tardé pour prendre position sur la question. Taraudé par la peur de voir les scores électoraux du Front National monter en flèche, le gouvernement français a fini par mettre en avant « l’obligation internationale » que doit porter la « nation des droits de l’homme ». Mais que cache un tel revirement de position sur la question des migrants de la part d’Angela Merkel et de ses homologues européens ?

La presse, tout comme le Medef, n’ont pas traîné pour mettre en avant les avantages économiques que l’Union Européenne pourrait tirer d’une main d’œuvre de réfugiés, généralement bien formée et disposée à travailler dans n’importe quelles conditions. Ainsi l’Allemagne, dont la situation démographique est alarmante, pour qui la reprise de la consommation interne demeure faible au regard de la situation de l’emploi et des augmentations de salaires consenties, a clairement besoin d’un apport massif de population jeune et prompte à consommer. Ces 800.000 migrants sont donc une bénédiction pour l’économie Outre-Rhin. D’autant que 46 % des employeurs allemands ont des difficultés à recruter.

Côté français,Emmanuel Macron, ministre de l’Économie a même arguer sur la chaine d’information israélienne i24newsque l’afflux de réfugiés pouvait constituer une « opportunité économique ». Le fait de distinguer « migrants politiques » et « migrants économiques » n’y est pas non plus pour rien, la logique étant de renouer avec le principe d’une immigration choisie, qui permettrait aux plus aptes, aux plus formés, à s’intégrer au marché du travail et aux besoins du patronat. Le pays des droits de l’homme, oui, mais pas pour tout le monde.

Des larmes de crocodiles, encore, toujours, qui ne doivent pas tromper. Car derrière ces simulacres d’émotion, ce sont les intérêts matériels bien concrets des États européens qui se jouent, et en premier lieu de l’Allemagne et de la France, qui comptent bien tirer leur épingle du jeu, en faisant de la nécessité et de leurs intérêts, une vertu.