C’est dans une supérette du Centre de Lille que ce sont déroulés ces événements révélateurs de la précarisation extrême des étudiants. En proie à d’importantes difficultés financières, le jeune homme de 19 ans est entré dans un Monop’ en brandissant un pistolet factice et a exigé qu’on lui remette la caisse du magasin. Tétanisé par la situation extrême dans laquelle il se trouvait, l’étudiant a été incapable de se saisir de l’argent, ni de prendre la fuite. Il saisit alors une cliente, semblant vouloir la prendre en otage, lui demande d’appeler la police, puis l’abandonne avant de tenter de s’enfuir. Six coups de feu sont alors tirés. L’étudiant sera touché par trois balles, mettant ainsi fin au braquage.
« Je n’ai pas pensé à un braquage, mais plutôt à un attentat. »
La presse locale, tout en qualifiant l’acte de « désespéré », a avant tout salué chaudement l’intervention des forces de l’ordre. C’est ainsi que la Voix du Nord assure que les agents de la BAC et les CRS ont agit en légitime défense. Alors que le journal concède que la situation n’a pas provoqué « réellement de panique », l’arrivée des effectifs de police, encerclant le magasin et usant de leurs armes à feu à 6 reprises n’ont pas manqué de rendre la situation confuse. « Ça a été très court, mais impressionnant, comme une photo dans ma mémoire. Et je n’ai pas pensé à un braquage, mais plutôt à un attentat » explique un pharmacien dont l’établissement fait face à la supérette. Un déploiement considérable, faisant immédiatement penser aux événements de novembre à Paris, qui semble disproportionné pour intervenir sur un étudiant de 19 ans, agissant clairement par désespoir et semblant totalement paralysé par les actes qu’il était en train de commettre.
Traité comme un terroriste, "l’étudiant braqueur" a été placé sous mandat de dépôt à l’unité hospitalière de sécurité inter-régionale, située au CHR par le procureur. Alors que, déjà à Lille, le corps d’un étudiant de 22 ans avait été retrouvé mort de faim dans sa chambre d’étudiant en novembre dernier, ce nouvel événement ramène violemment la question de la précarité étudiante sur le devant de la scène. Oui, la précarité tue et peut conduire à des situations telles que la raison cède la place à l’instinct de survie. Face à cette situation, la seule réponse qu’apportent les autorités est policière. Une police qui, grâce aux mesures mises en place dans le cadre de l’état d’urgence, peut déployer l’artillerie lourde.